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adresser ; et on me viendra trouver à Meslay, où je coucherai ; après cela je n’en espère plus qu’à Paris. Si pendant cette marche vous étiez aussi quelque ordinaire sans recevoir de mes nouvelles, vous n’en serez point en peine. Je ne suis ni grosse, ni accouchée, ni téméraire en carrosse ; je n’ai point de pont d’Avignon à passer ; le temps est très-beau ; mon voyage ira son train ; et comme je ne suis plus en peine de vous, il n’y a plus rien à craindre pour moi. Je suis accablée de compliments pour la naissance de mon joli petit-fils. Je serai fort aise de savoir encore de ses nouvelles vendredi, et des vôtres encore davantage.

Le pauvre M. de Lauzun est à Pignerol. M. d’Harouys en est très-affligé ; mais il me mande que la joie de votre accouchement, et le nom et la naissance de votre fils, se sont fait un passage au travers de sa tristesse ; et je l’assure aussi, en récompense, que sa tristesse s’est fait un passage au travers de ma joie.

Adieu, ma chère enfant, il faut partir : je suis épouvantée du regret que j’ai de quitter ces bois. Je ne veux point vous dire la part que vous avez à mon indifférence pour Paris : vous ne savez que trop combien vous m’êtes chère.


1671

228. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Malicorne, dimanche 13e décembre.

Enfin, ma chère fille, me voilà par voie et par chemin, par le plus beau temps du monde. Je fais fort bien une

    nues. » (Walckenaer, tome IV, p. 332.) — De Loresse à Laval il y a quatre lieues et demie ; de Laval à Meslay, cinq ; de Meslay à Malicorne, dix ; et de Malicorne au Mans, sept.