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avoit de votre joli accouchement. Il appuya sur cela d’une telle sorte, qu’il ne tint qu’à moi d’entendre qu’il vouloit s’attacher à votre service, étant las, comme on dit, d’adorer l’Ange[1]. Je fis de telles offres le cas que je devois. Je trouvai Madame mieux que je ne pensois, mais d’une sincérité charmante. Je ne pus voir M. de Montausier ; il étoit enfermé avec Monseigneur[2]. Je ne finirois jamais de vous dire tous les compliments qu’on me fit, et à vous aussi ; et de tout cela, autant en emporte le vent : on est ravi de revenir chez soi. Mme de Richelieu me parut abattue. Elle fera réponse à M. de Grignan. Les fatigues de la cour ont rabaissé son caquet ; son moulin me parut en chômage. Mais qui pensez-vous qu’on voit chez moi ? M. le président de Reauville, M. le président de Gallifet[3] ; ils m’ont tartuffiée. De quoi parle-t-on ? de Mme de Grignan. Qui est-ce qui entre dans ma chambre ? votre petite. Vous dites qu’elle me fait souvenir de vous, c’est bien dit ; vous voulez bien au moins que je vous réponde qu’il n’est pas besoin de cela. Je monte en carrosse, où vais-je ? chez Mme de Valavoire[4]. Pour quoi faire ? pour parler de Provence, de vos affaires et de vos commissions, que j’aime uniquement. Enfin Coulanges disoit l’autre jour : « Voyez-vous bien cette femme-là ? elle est toujours en présence de sa fille. » Vous voilà en peine de moi, ma bonne : vous avez peur que je ne sois
- ↑ 2. Mlle de Grancey.
- ↑ 3. Le Dauphin.
- ↑ 4. C’est le texte de l’édition de 1754. Dans celles de 1726 et de 1734, on lit, au lieu de ces noms propres : des Provençaux. Les mots suivants : « ils m’ont tartuffiée, » ont été retranchés par Perrin en 1754 ; ils sont dans les éditions précédentes. Voyez le Tartuffe, acte II, scène iii : Non, vous serez, ma foi, tartuffiée, dit Dorine à Marianne. Mais ici c’est évidemment à Orgon, gagné, séduit, sous le charme, que Mme de Sévigné veut faire allusion.
- ↑ 5. Voyez la note 11 de la lettre 174.