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est morte à la campagne pour avoir eu peur du feu. Elle étoit grosse de huit mois ; elle est accouchée et morte ensuite. Cette manière de mourir m’a blessé le cœur. Le petit duc de Rohan[1] est à l’extrémité d’avoir bu deux verres d’eau-de-vie après avoir bien bu du vin ; il est dans le sept[2] d’une fièvre très-mortelle. Voilà une belle espérance pour M. et Mme de Soubise. Pour moi, après l’avoir vu aux états, et sachant comme il traitoit Mme de Rohan, j’en suis toute consolée.

Le chancelier se meurt[3] ; il a renvoyé les sceaux au Roi par le duc de Coislin[4] : voilà un joli présent à faire. Mon Dieu, ma fille, que je voudrois bien voir M. de Grignan ici avec une belle charge, auprès de son maître, et envoyer promener tous vos Provençaux ! Adhémar me les fera bien haïr ; il est plaisant de leur faire confidence de ce qu’il pense d’eux.

Adieu, ma très-aimable, je ne songe qu’à vous aller voir. J’embrasse mon cher Grignan, et sa chère femme.


  1. 5. Voyez la note 6 de la lettre 191. Il ne mourut qu’en 1727, à l’âge de soixante-quinze ans. — Dans l’édition de 1734, il n’y a que l’initiale du nom propre, de même que plus bas pour M. et Mme de Soubise, et Mme de Rohan.
  2. 6. Plus haut déjà (note 2 de la lettre 200) nous nous sommes demandé si Mme de Sévigné n’avait pas employé un chiffre et écrit : le 7e.
  3. 7. Le chancelier Seguier mourut à Saint-Germain en Laye le 28 janvier, à quatre-vingt-quatre ans.
  4. 8. Son petit-fils. Armand du Cambout, duc de Coislin en 1664, lieutenant général des armées, était, ainsi que l’évêque d’Orléans (plus tard cardinal de Coislin), fils du marquis de Coislin et de Marie Seguier, fille aînée du chancelier (alors marquise de Laval : voyez la note 2 de la lettre 127). Sur « ses civilités outrées, » voyez Saint-Simon, tome IV, p. 11 et suivantes.