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une fenêtre, croyant passer par une porte, et tomba du premier étage sur un petit garçon qui fut blessé, et qui l’empêcha d’être tué. Il fut secouru ; il a la tête très-fracassée, mais on ne croit pas qu’il meure. Voilà ce que font les croisées coupées jusques en bas. On ne-sauroit jamais manquer à mettre partout des garde-fous. Cet accident fit grand bruit à Versailles.

Je vous prie, ma fille, dites-moi souvent dans vos lettres quelque petit mot de ma tante : ce lui est une consolation dans ses continuelles douleurs. J’ai envoyé vos lettres : celle de Mme de la Fayette est extrêmement jolie. Le commencement de votre dernière est étrange. Vous me donnez à deviner ce que vous avez fait la nuit : j’ai tremblé depuis les pieds jusqu’à la tête ; je croyois que tout fût perdu. Il se trouve que vous avez attendu votre courrier, et que vous avez bu joyeusement à la santé du Roi votre maître. J’ai respiré et approuvé votre zèle. En vérité, on ne sauroit trop le louer : il est encore perfectionné depuis un an. Les poëtes ont commencé à la cour ; mais j’aime bien autant la prose, depuis que tout le monde en sait faire, pour conter et chanter ses louanges.

Je viens d’écrire une grande lettre à M. de Pompone, pour toutes les affaires de Provence, dont Monsieur d’Uzès ne peut lui parler, à cause de la petite vérole du pauvre Chevalier. Je n’ose parler de l’état où il est. Il faut espérer à sa grande jeunesse. J’ai déjà bien soupiré pour la crainte que j’ai de son mal.

Mme de Guerchi, fille de la comtesse de Fiesque[1],


    très-singulièrement et obscurément, et qui passoit sa vie à présider aux nouvellistes des Tuileries. » (Saint-Simon, tome IV, p. 251.

  1. 4. La comtesse de Fiesque avait eu de son premier mari, Louis de Brouilly, marquis de Piennes (voyez la note 3 de la lettre 34), une fille nommée Marie, qui avait épousé Henri Regnier, marquis de Guerchi.