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1671


pour les exécuter, pourvu qu’elle soit secourue. C’est pourquoi, mon cher Monsieur, comme vous avez toujours aimé avec passion les intérêts de cette maison, il faut que vous fassiez de nouveaux efforts et que vous concouriez avec elle pour y apporter quelque ordre[1]. Nous vous irons secourir et joindre à vous, Mme de Sévigné et moi, dans cet automne[2], et tous ensemble j’espère que nous en viendrons à bout. Je ne crois pas qu’elle arrête à Grignan en arrivant. Elle ira tout droit à Arles, comme je l’entends dire et qu’il est à propos de le faire, pour éviter un accablement de monde à cet abord, dont elle seroit fort embarrassée. Mais le plus tôt qu’elle pourra après, elle ira s’y établir avec Monsieur le Comte, pour faire cesser toutes ces courses de ville en ville qui l’engagent à de continuelles fêtes et dépenses extraordinaires, pendant que les revenus ne vont que leur train et avec beaucoup de peine, je m’assure, en ce temps-ci, comme on l’éprouve dans toutes les autres provinces.

Je ne pensois pas, Monsieur, vous en tant dire ; mais je me suis laissé aller à la passion vive que j’ai conçue pour cette digne et grande maison, que je serois ravi de garantir du naufrage que nous voyons arriver tous les jours aux plus grandes et plus puissantes du royaume, quand le désordre commence à s’y mettre et qu’il n’y a point de pilote pour conduire le vaisseau ; car ce ne fut jamais par le manque des biens, mais par le peu de conduite des grands

  1. 4. On peut conclure d’une lettre du 9 avril suivant, que M. Vallet de Viriville dit avoir trouvée dans les archives de la famille, que l’abbé Prat, à qui elle est adressée, se rendit au désir de l’abbé de Coulanges, et continua de s’occuper des affaires de la maison de Grignan.
  2. 5. L’abbé de Coulanges ne put aller en Provence, comme il en avait le dessein, dans l’automne de 1671. Il n’accomplit sa promesse qu’au mois de juillet de l’année suivante.