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tout ce qui vous regarde. Écrivez-moi quelque chose de lui, que je lui puisse lire.

Hier au soir, Mme du Fresnoy[1] soupa chez nous. C’est une nymphe, c’est une divinité ; mais Mme Scarron, Mme de la Fayette et moi, nous voulûmes la comparer à Madame de Grignan, et nous la trouvâmes cent piques au-dessous, non pas pour l’air et pour le teint ; mais ses yeux sont étranges, son nez n’est pas comparable au vôtre, sa bouche n’est point finie[2], la vôtre est parfaite ; et elle est tellement recueillie dans sa beauté, que je trouve qu’elle ne dit précisément que les paroles qui lui siéent bien : il est impossible de se la représenter parlant communément et d’affection sur quelque chose. C’est la résidence de l’abbé Têtu auprès de la plus belle ; il ne la quitta pas. Et pour votre esprit, ces dames ne mirent aucun degré au-dessus du vôtre ; et votre conduite, votre sagesse, votre raison, tout fut célébré. Je n’ai jamais vu une personne si bien louée ; je n’eus pas le courage de faire les honneurs de vous, ni de parler contre ma conscience.

On dit que le chancelier est mort : je ne sais point si on donnera les sceaux avant que cette poste parte. La Comtesse[3] est très-affligée de la mort de sa fille ; elle est au couvent de Sainte-Marie à Saint-Denis. Ma bonne, on ne peut assez se conserver, et grosse, et en couche, et on ne peut assez éviter d’être dans ces deux états : je ne parle pour personne.

Adieu, ma très-chère, cette lettre sera courte : je ne puis rien écrire dans l’état où je suis : vous n’avez pas besoin de ma tristesse ; mais si quelquefois vous en re-

  1. 6. Voyez la note 2 de la lettre 218.
  2. 7. Dans les éditions : fine.
  3. 8. La comtesse de Fiesque. Voyez la note 4 de la lettre 242.