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cevez d’infinies, ne vous en prenez qu’à vous, et à vos flatteries sur le plaisir que vous donne leur longueur ; vous n’oseriez plus vous en plaindre.

Je vous embrasse mille fois, et m’en retourne à mon jardin, et puis à un bout de salut, et puis chez des malades qui sont aussi chagrins que moi.

Voilà Madeleine-Agnès qui entre, et qui vous salue en Notre-Seigneur.


1672

245. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 3e février.

J’ai eu une heure de conversation avec M. de Pompone. Il faudroit plus de papier qu’il n’y en a dans mon cabinet pour vous dire la joie que nous eûmes de nous revoir, et comme nous passions à la hâte sur mille chapitres que nous n’avions pas le temps de traiter à fond. Enfin je ne l’ai point trouvé changé : il est toujours parfait ; il croit toujours que je vaux plus que je ne vaux effectivement. Son père lui a fait comprendre qu’il ne pouvoit l’obliger plus sensiblement qu’en m’obligeant en toutes choses. Mille autres raisons, à ce qu’il dit, lui donnent ce même désir ; et surtout il se trouve que j’ai le gouvernement de Provence sur les bras ; c’est un prétexte admirable pour avoir bien des affaires ensemble : voilà le seul chapitre qui ne fut point étranglé. Je lui parlai à loisir de l’Évêque. Il sait écouter aussi bien que répondre, et crut aisément tout le plan que je lui fis des manières du prélat ; il ne me parut pas qu’il approuvât qu’un homme de sa profession voulût faire le gouver-