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m’imagine que ce n’est pas un roman : je ne lui laisserai pas le soin de vous envoyer des Contes de la Fontaine, qui sont… Vous en jugerez.

Vous êtes une jolie femme de n’être point grosse ; mais vous avez sur cela des pensées qui me font trembler. Votre beauté vous jette dans des extrémités, parce qu’elle vous est inutile. Vous trouvez qu’il vaut autant être grosse ; c’est un amusement. Voilà une belle raison : songez, ma bonne, que c’est vous détruire entièrement et votre santé et votre vie. Continuez donc cette bonne coutume de coucher séparément, et vous remettez un peu, afin que je vous trouve belle.

Mme de Vaudemont n’est pas prête de revenir ici ; je ne sais qui m’avoit donné cette espérance. Si elle y étoit, j’irais assurément l’embrasser pour vous et pour moi. C’est une aimable amie, qui vous aime tendrement et que j’estime au dernier point.

D’Hacqueville a fait tenir vos lettres par Mme de Louvigny[1], qui dit qu’elle les a toutes envoyées : je saurai son adresse et désormais elles ne passeront plus par ses mains. Si cet homme à qui Rippert avoit coutume de donner vos lettres n’étoit point disparu de la rue qu’il habitoit, on ne se seroit pas servi de Mme de Louvigny ; mais il faut changer et prendre son adresse.

Nous tâchons d’amuser notre cher Cardinal[2]. Corneille lui a lu une comédie qui sera jouée dans quelque temps, et qui fait souvenir des anciennes[3]. Molière lui lira samedi Trissotin[4], qui est une fort plaisante pièce.

  1. 11. Voyez la note 12 de la lettre 166.
  2. 12. Le cardinal de Retz.
  3. 13. Pulchérie. Voyez la lettre 238 et la note 8, p. 470.
  4. 14. Dans l’édition de Rouen (1726) : « les Femmes savantes, qui est une comédie parfaite. » — Dans les éditions de Perrin, on lit, comme dans notre manuscrit : Trissotin, et en note : « c’est-à--