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1672


Despréaux lui donnera son Lutrin et sa Poétique[1] : voilà tout ce qu’on peut faire pour son service. Il vous aime de tout son cœur, ce pauvre Cardinal ; il parle souvent de vous, et vos louanges ne finissent pas si aisément qu’elles commencent. Mais, hélas ! quand nous songeons qu’on nous a enlevé notre chère enfant, rien n’est capable de nous consoler. Pour moi, je serois très-fâchée de l’être ; je ne me pique pas de fermeté, ni de philosophie ; mon cœur me mène et me conduit. On disoit l’autre jour, je ne sais si je vous l’ai mandé, que la vraie mesure du mérite du cœur, c’étoit la capacité d’aimer. Je me trouvai d’une grande élévation par cette règle ; elle me donneroit trop de vanité, si je n’avois mille autres sujets de me remettre à ma place.

Adhémar m’aime assez, mais il hait trop l’Évêque, et vous le haïssez trop aussi. L’oisiveté vous jette dans cet amusement ; vous n’en auriez pas le loisir, si vous étiez ici. Monsieur d’Uzès m’a fait voir un mémoire qu’il a tiré et corrigé du vôtre, dont il fera des merveilles : fiez-vous en lui ; vous n’avez qu’à lui envoyer tout ce que vous voudrez, sans crainte que rien sorte de ses mains, que dans le juste point de la perfection. Il y a dans tout ce qui vient de vous autres un petit brin d’impétuosité, qui est la vraie marque de l’ouvrière : c’est le chien du Bas-


    dire les Femmes savantes. » Molière put-il faire cette lecture le samedi 12, lendemain de la première représentation de sa pièce ? Voyez Walckenaer, tome III, p. 473. — La douzième représentation, qui fut donnée à l’ouverture de Pâques (1672), est indiquée dans le registre manuscrit de l’acteur la Grange sous ce titre : les Femmes savantes ou Trissotin ; la quatorzième ne l’est plus que sous le titre unique de Trissotin. Voyez M. Taschereau, Histoire de Molière, p. 256.

  1. 15. Ces deux ouvrages n’étoient point encore au point de perfection où ils parurent depuis en 1674 pour la première fois. (Note de Perrin.)