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1672


hait, parce que je ne fais pas des Princesses de Clèves et de Montpensier[1]. Vous en avez jugé très-juste et très-bien, et vous aurez vu que je suis de votre avis. Je voulois vous envoyer la Champmeslé pour vous réchauffer la pièce. Le personnage de Bajazet est glacé ; les mœurs des Turcs y sont mal observées ; ils ne font point tant de façons pour se marier ; le dénouement n’est point bien préparé : on n’entre point dans les raisons de cette grande tuerie. Il y a pourtant des choses agréables, et rien de parfaitement beau, rien qui enlève, point de ces tirades de Corneille qui font frissonner. Ma fille, gardons-nous bien de lui comparer Racine, sentons-en la différence. Il y a des endroits froids et foibles, et jamais il n’ira plus loin qu’Alexandre et qu’Andromaque[2]. Bajazet est au-dessous, au sentiment de bien des gens, et au mien, si


    Perrin.) — Il avait sa boutique au Palais, sur le second perron de la Sainte-Chapelle :

    ....... le perron antique
    Où sans cesse, étalant bons et méchants écrits,
    Barbin vend aux passants des auteurs à tout prix.

    (Boileau, le Lutrin, chant ve.)

  1. 2. Romans de Mme de la Fayette qui enrichissoient Barbin par la grande vogue qu’ils avoient. (Note de Perrin.) — Perrin a probablement altéré le texte. La Princesse de Montpensier parut en 1662 ; mais la première édition de la Princesse de Clèves est de mars 1678. Zaïde, qui parut d’abord sous le seul nom de Segrais, fut mise en vente chez Barbin en 1670. Peut-être Mme de Sévigné avait-elle écrit des Princesses de Montpensier et des Zaïdes ; le chevalier aura cru bien faire de substituer à ce dernier roman le titre plus célèbre de la Princesse de Clèves.
  2. 3. Dans l’édition de 1734, il y a seulement : « plus loin qu’Andromaque. » — L’événement a fait voir, dit Perrin en note (1734), par Mithridate, Britannicus et Athalie, que Mme de Sévigné s’est trompée sur ce sujet. — En 1754, il modifie ainsi son observation : L’événement a fait voir par Mithridate, par Phèdre, par Athalie, etc., que le sentiment de Mme de Sévigné tenoit encore du préjugé de ce temps-là.