1672
j’ose me citer. Racine fait des comédies pour la Champmeslé : ce n’est pas pour les siècles à venir. Si jamais il n’est plus jeune, et qu’il cesse d’être amoureux, ce ne sera plus la même chose. Vive donc notre vieil ami Corneille ! Pardonnons-lui de méchants vers, en faveur des divines et sublimes beautés qui nous transportent : ce sont des traits de maître qui sont inimitables. Despréaux en dit encore plus que moi ; et en un mot, c’est le bon goût : tenez-vous-y.
Voici un bon mot de Mme Cornuel[1], qui a fort réjoui le parterre. M. Tambonneau le fils[2] a quitté la robe, et a mis une sangle autour de son ventre et de son derrière. Avec ce bel air, il veut aller sur la mer : je ne sais ce que lui a fait la terre. On disoit donc à Mme Cornuel qu’il s’en alloit à la mer : « Hélas ! dit-elle, est-ce qu’il a été mordu d’un chien enragé[3] ? » Cela fut dit sans malice, c’est ce qui a fait rire extrêmement.
Mme de Courcelles est fort embarrassée : on lui refuse toutes ses requêtes ; mais elle dit qu’elle espère qu’on aura pitié d’elle, puisque ce sont des hommes qui sont ses juges. Notre Coadjuteur ne lui feroit point de grâce présentement ; vous me le représentez dans les occupations de saint Ambroise.
Il me semble que vous deviez vous contenter que votre
- ↑ 4. Voyez la note de la lettre du 17 avril 1676.
- ↑ 5. Dans l’édition de 1734, il n’y a que l’initiale T… — Jean Tambonneau, président à la chambre des comptes, épousa Marie Boyer, sœur de la duchesse de Noailles. C’est de lui probablement qu’il est parlé dans le chapitre x des Mémoires de Gramont. Son fils eut d’abord la même charge que lui, puis fut longtemps ambassadeur en Suisse. Saint-Simon dit que la vieille présidente « n’avoit jamais fait grand cas de son mari ni de son fils l’ambassadeur ; elle ne l’appeloit jamais que Michaut. » Voyez le tome II des Mémoires, p. 369, et le tome XVII, p. 283.
- ↑ 6. Voyez la lettre 144, p. 105, et la note 8.