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sont horribles. Voici un petit conte sur son sujet : il se familiarisoit avec une jeune femme de ce pays-là, pour se désennuyer apparemment ; et comme les familiarités étoient sans doute un peu grandes, elle lui dit : « Pour Dieu, Monseigneur, Votre Altesse a la bonté d’être trop insolente. » C’est Briolle[1] qui m’a écrit cela ; j’ai jugé que vous en seriez charmée comme moi. Adieu, ma belle ; je suis toute à vous assurément.


1673

322. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Je fus huit mois sans ouïr parler de Mme de Sévigné (voyez la lettre 305, p. 165), après lesquels je lui écrivis celle-ci.

À Bussy, ce 26e juin 1673.

Il m’ennuie fort, Madame, de n’avoir aucune nouvelle de vous depuis que vous arrivâtes en Provence : quand vous seriez en l’autre monde je n’en aurois pas moins. Est-ce qu’on ne songe plus qu’à ce qu’on voit, quand on est en Provence ? Mandez-le-moi, je vous prie, parce qu’en ce cas-là je vous irois trouver, et j’aimerois mieux me mettre au hasard de me brouiller à la cour, où je n’ai plus rien à ménager, que de n’entendre jamais parler de vous. Raillerie à part, Madame, mandez-moi de vos nouvelles.

  1. 13. Le comte de Briord, vulgairement appelé Briolle (comme dit une note du Recueil Maurepas, tome III, p. 342 ; voyez aussi la Table de la Gazette), fut premier écuyer de Monsieur le Duc, ambassadeur à Turin en 1697, à la Haye en 1699, et conseiller d’État d’épée en 1701. Il mourut en 1703. « C’étoit un très-homme d’honneur et de valeur, qui avoit du sens, quelque esprit, et beaucoup d’amis. » (Saint-Simon, tome IV, p. 217.)