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avec le chevalier de Lorraine, et qu’ils causèrent fort à cette fête que donna Monsieur le Duc, où pour manger de la viande, ils attendirent si scrupuleusement que minuit fût sonné le dimanche de la Passion. On passe sa vie à dire des adieux ; tout le monde s’en va, tout le monde est ému. La comtesse du Lude[1] est venue en poste dire adieu à son mari ; elle s’en retournera dans six jours, après lui avoir tenu l’étrier pour monter à cheval et s’en aller à l’armée comme les autres. Je vous assure que l’on tremble pour ses amis.

J’ai passé le dimanche des Rameaux à Sainte-Marie dans mes considérations ordinaires. Barillon a fait ici un grand séjour ; il s’en va, puisque vous lui commandez d’être à son devoir : votre exemple le confond ; son emploi est admirable cette année : il mangera cinquante mille francs ; mais il sait bien où les prendre[2]. Mme de C*** est folle ; on la trouve telle en ce pays : la belle pensée d’aller en Italie comme une princesse infortunée, au lieu de revenir paisiblement à Paris chez sa mère qui l’adore, et qui met au rang de tous les malheurs de sa maison l’extravagance de sa fille ! Elle a raison ; je n’en ai jamais vu une plus ridicule.

Nous ne savons si la Marans travaille sur terre ou sous terre : elle voit peu son fils[3] et Mme de la Fayette, et ce n’est que des moments ; tout aussitôt Mme de Schomberg la vient reprendre : cela est bien incommode de n’être plus remenée par Mme de Sévigné ; elle n’aime guère à me rencontrer.


    tome XIII de son Histoire de France, p. 250 et 12 ; et les Nièces de Mazarin, par M. A. Renée, p. 45, 177.)

  1. 5. Voyez la note 2 de la lettre 150.
  2. 6. Il était ambassadeur en Angleterre.
  3. 7. La Rochefoucauld. Voyez la note 5 de la lettre 151. — Sur Mme de Schomberg, voyez la note 7 de la même lettre.