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très-bien le plaisir de votre triomphe. Nous demeurions d’accord l’autre jour, la Pluie[1] et moi, que rien n’est sensible dans la vie comme ces sortes de choses qui touchent la gloire ; et nous conclûmes, comme Monsieur d’Agen[2], que cela venoit d’une profonde humilité. Je vous assure qu’on ne peut pas entrer plus entièrement dans vos intérêts, ni les mieux comprendre, ni voir plus clair que fait cette aimable Pluie. Ah ! que je lui ai dit de plaisantes choses, et qu’il les a bien écoutées ! Je vous assure qu’il attend avec impatience la fin de votre syndicat ; mais que votre lettre est plaisante[3] ! puisque vous me renvoyez mes périodes, je vous renverrai celle-ci qui vaut un empire : Si Sa Majesté avoit la bonté de nous laisser manger le blanc des yeux, elle verroit qu’elle en seroit mieux servie. Vous ne vous fâcherez donc point contre moi ni contre la cour, puisque vous avez toutes vos coudées franches pour votre syndic ; mais finissez donc, et que nous recevions une lettre qui nous ôte de toute sorte de peine.

Vous seriez bien étonnée si l’on avoit fort parlé de vous pour être dame du palais ; je vous l’apprends, et c’est assez : vous êtes fort estimée dans les lieux qu’on estime le plus. Cherchez donc d’autres prétextes pour nous menacer de ne plus venir jamais en ce pays. Je comprends votre beau temps, je le vois d’ici, et m’en souviens avec tendresse : nous mourons de froid présentement, et puis nous serons noyés.

On ne peut, ma fille, ni vous aimer davantage, ni être plus contente de vous que je le suis, ni prendre plus de

  1. 7. M. de Pompone. (Note de Perrin, 1754.) — Dans l’édition de 1734 le nom propre (M. de Pompone) a été, ici et plus bas, substitué au chiffre.
  2. 8. Claude Joly. évêque d’Agen.
  3. 9. « Il rira bien de votre lettre. » (Édition de 1754.)