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sa prudence ; et qu’enfin à votre exemple il s’est tout à fait jeté dans la bravoure. Cela m’a réjouie.

Au reste, ma chère enfant, quand je me représente votre maigreur et votre agitation, quand je pense combien vous êtes échauffée, et que la moindre fièvre vous mettroit à l’extrémité, cela me fait souffrir et le jour et la nuit. Quelle joie de vous restaurer un peu auprès de moi dans un air moins dévorant, et où vous êtes née ! Je suis surprise que vous aimant comme on fait en Provence, on ne vous propose point ce remède. Je vous trouve si nécessaire jusqu’à présent, et je crois que vous avez tant soulagé M. de Grignan dans toutes ses affaires, que je n’ose me repentir de ne vous avoir point emmenée ; mais quand tout sera fini, hélas ! pourquoi ne me pas donner cette satisfaction ? Adieu, ma très-aimable, j’ai une grande impatience de savoir de vos nouvelles : vous avez toujours dans la fantaisie de vous jeter dans le feu pour me persuader votre amitié. Ma fille, je n’en suis que trop persuadée, et sans cette preuve extraordinaire, vous pouvez m’en donner une qui sera plus convaincante et plus à mon gré.

Adieu, ma très-chère enfant, je vous embrasse bien tendrement.


1673

*361. — DU COMTE DE GRIGNAN À COLBERT[1].

À Lambesc, le 23e décembre 1673.

Je me donnai l’honneur de vous écrire par le dernier courrier que l’assemblée des communautés de cette pro-

  1. Lettre 361. — 1. Nous publions cette lettre du comte de Grignan à Colbert, et un peu plus loin (no 363) une autre du même au même, parce qu’elles jettent du jour sur l’affaire de la gratification