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vince m’a accordé une gratification de cinq mille livres, comme les années précédentes, et que l’opposition de Messieurs de Marseille et de Toulon, qui se trouvèrent seuls de leur sentiment, ne put empêcher le reste des députés de me donner cette marque de leur bonne volonté et de leur affection. Je pris aussi la liberté de vous envoyer un mémoire des raisons que j’ai de demander cette gratification que je n’ai jamais acceptée que sous le bon plaisir du Roi. Vous verrez, Monsieur, par la délibération qui a été faite sur ce sujet, qu’il n’y a rien qui ait pu obliger Messieurs les prélats à former leur opposition, que l’aigreur et l’animosité qu’ils ont contre moi[1], puisqu’ils n’allèguent point d’autres raisons que celles des années précédentes, comme il est aisé de remarquer par l’extrait des délibérations que je vous envoie, avant lesquelles ces arrêts dont ils font tant de bruit ont toujours été lus en pleine assemblée. Si vous avez la bonté, comme je l’espère, de faire quelque réflexion sur le procédé de ces Messieurs, et sur les grandes dépenses que je suis nécessité de faire pour soutenir l’éclat de ma charge, j’ose me flatter, Monsieur, que vous goûterez mes raisons et que vous ne refuserez pas votre protection à la personne du

    de cinq mille livres dont il est souvent question dans la Correspondance, et sur les démêlés du lieutenant général avec les évêques de Marseille et de Toulon.

  1. 2. L’évêque de Marseille, dans sa lettre à Colbert que nous avons citée plus haut (lettre 357, notes 2 et 4), donne de son opposition, et de celle de l’évêque de Toulon, des raisons fort avouables : « Pour la gratification des cinq mille livres qu’il (M. de Grignan) prétend sous prétexte de ses gardes : ayant là-dessus des arrêts du conseil qui défendent absolument de délibérer sur des pareilles gratifications, notre conscience et notre honneur ne nous permettent pas de prendre un autre parti que celui de l’obéissance aux ordres de S. M. Nous nous opposerons à ce don, mais nous le ferons de la manière la plus honnête qu’il nous sera possible. »