Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 329 —

1673


fâchée d’être traitée ici comme je le fus à Lambesc, lorsqu’au nom de cette amitié de huit ans, dont Monsieur de Marseille avoit tant parlé, et de la paix éternelle avec les Grignans, je le priai de m’accorder le payement du courrier, à quoi il ne voulut jamais consentir ; et quand j’allai chez Monsieur l’Intendant le conjurer instamment d’écrire par votre courrier, vous savez comme il me refusa nettement. J’ai ces deux petits articles sur le cœur ; et cependant je ne veux pas que l’intérêt des alliés vous empêche de faire la paix. Dès que je ne suis plus à Lambesc, le courrier est payé[1], Monsieur l’Intendant l’accable de ses paquets : ma fille, c’est que je suis malheureuse ; Dieu ne permet pas que dans les desirs extrêmes que j’ai de vous servir, j’aie la joie de réussir. En vérité, cette mine de prospérité du Coadjuteur, qui attire les abbayes et les heureux succès, vous a été bien plus profitable. Sa paresse étoit allée se promener bien loin pendant cette affaire ; sa vigilance, son habileté, son application, ses vues, ses expédients, son courage, sa considération, vous ont été souverainement nécessaires. J’avois toujours en lui une grande confiance ; mais vous, quelles merveilles n’avez-vous point faites ? et que n’a point fait aussi mon cher comte ? il a joué son rôle divinement. Enfin vous avez fait tous trois vos personnages en perfection. Il y avoit dix ou douze personnes qui envoyoient tous les jours ici pour savoir des nouvelles du syndic ; de sorte que ce matin j’ai écrit dix billets. Mme de Verneuil, Monsieur de Meaux[2], Mme de la Troche,

  1. 6. « Pour l’affaire du courrier, dit l’évêque de Marseille à Colbert, dans la lettre déjà plusieurs fois citée, nous avons pris un expédient dont il (le comte de Grignan) est satisfait. »
  2. 7. Le prédécesseur de Bossuet, Dominique de Ligny, coadjuteur (1658), puis évêque de Meaux de 1659 à 1681. — Il serait bien possible que le chevalier de Perrin eût ici substitué Monsieur de Meaux