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Pompone m’a priée de dîner demain avec lui et Despréaux, qui doit lire sa Poétique[1].



1674

370. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, lundi 15e janvier.
de madame de sévigné.

J’allai donc dîner samedi chez M. de Pompone, comme je vous avois dit ; et puis, jusqu’à cinq heures, il fut enchanté, enlevé, transporté de la perfection des vers de la Poétique de Despréaux. D’Hacqueville y étoit ; nous parlâmes deux ou trois fois du plaisir que j’aurois de vous la voir entendre. M. de Pompone se souvient d’un jour que vous étiez petite fille chez mon oncle de Sévigné[2]. Vous étiez derrière une vitre avec votre frère, plus belle, dit-il, qu’un ange ; vous disiez que vous étiez prisonnière, que vous étiez une princesse chassée de chez son père. Votre frère était beau comme vous : vous aviez neuf ans. Il me fit souvenir de cette journée[3] ; il n’a jamais oublié aucun moment où il vous ait vue. Il se fait un plaisir[4] de vous revoir, qui me paroît le plus obligeant du

    fit quelque temps scrupule de mettre du rouge. Voyez la lettre du 19 janvier suivant, p. 377. — La comédie est le Festin de pierre. Celui de Molière avait été joué pour la première fois en 1665 ; celui de Thomas Corneille, en 1673.

  1. 29. Voyez la note 5 de la lettre 357.
  2. Lettre 370. — 1. Renaud de Sévigné. Voyez tome II, p. 523, note 10.
  3. 2. Voyez la Notice, p. 88 et suivante.
  4. 3. C’est le texte de 1754. Dans sa première édition, Perrin avait remplacé les derniers mots de la phrase : « qui me paraît le plus obligeant du monde, » par l’adjectif extrême placé après plaisir.