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suffiroient. Voilà le conseil de votre conseil, et de vos conseillers d’État, dont la bonne tête régleroit encore mieux l’État que votre maison.

On est toujours charmé de Mademoiselle de Blois et du prince de Conti[1] . Il disoit hier à Guilleragues, qui lui disoit qu’il vouloit aller au bal : « Ah ! si vous y entrez, il deviendra une comédie, et peut-être même une farce. » M. de Marsan étoit mal habillé à son gré : « Ah ! que vous soutenez mal l’honneur des Myrmidons[2] ! » Le petit de Roquelaure disoit qu’il auroit un habit neuf

    pour décorum, que donne Perrin dans ses deux éditions, où cette phrase, ou du moins un passage qui a beaucoup de rapport avec celui-ci, termine le premier paragraphe de la lettre suivante ?

  1. 16. Il n’avait pas encore treize ans, étant né le 4 avril 1661. Voyez tome II, p. 491, note 5.
  2. 17. Charles de Lorraine, comte de Marsan, né le 8 avril 1648, mort le 13 novembre 1708, dernier fils du comte d’Harcourt (voyez, tome II, p. 501, note 8), « frère cadet de Monsieur le Grand et du… chevalier de Lorraine, qui n’avoit ni leur dignité, ni leur maintien, ni rien de l’esprit du chevalier, qui, non plus que le grand écuyer, n’en faisoit aucun cas. C’étoit un extrêmement petit homme, trapu, qui n’avoit que de la valeur, du monde, beaucoup de politesse et du jargon de femmes, aux dépens desquelles il vécut tant qu’il put… M. de Marsan étoit l’homme de la cour le plus bassement prostitué à la faveur et aux places, ministres, maîtresses, valets, et le plus lâchement avide à tirer de l’argent à toutes mains. Il avoit eu tout le bien de la marquise d’Albret, héritière, qui le lui avoit donné en l’épousant (le 22 décembre 1682), et avec laquelle il avoit fort mal vécu (elle mourut sans enfants le 13 juin 1692). Il en tira aussi beaucoup de Mme de Seignelay, sœur des Matignon, qu’il épousa ensuite (le 21 février 1696 ; elle mourut en décembre 1699, lui laissant deux fils) ; et quoique deux fois veuf et de deux veuves, il conserva toujours une pension de dix mille francs sur Cahors, que l’évêque de la Luzerne lui disputa, et que M. de Marsan gagna contre lui au grand conseil. Il tira infiniment des gens d’affaires… » (Saint-Simon, tome VI, p. 429 et suivante.) Voyez la lettre du 23 décembre 1682, celles (de Coulanges) du 20 février et du 19 mars 1696 ; et sur la rupture de son mariage avec la vieille maréchale d’Aumont, les lettres des 24 et 27 novembre suivants (1675).