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le Prince, depuis que vous êtes parti d’ici. Il est à Chantilly, où il a pensé mourir[1]. Il n’a point voulu recevoir la visite de Son Éminence qu’il ne fût en état de jouir de sa bonne compagnie. Il ira dans peu de jours, il parlera comme vous pouvez souhaiter, et je vous manderai tous les tons de cette conversation[2].

Que dites-vous de nos heureux succès, et de la belle action qu’a faite M. de Turenne en faisant repasser le Rhin aux ennemis[3] ? Cette fin de campagne nous met dans un grand repos, et donne à la cour une belle disposition pour les plaisirs. Il y a un opéra tout neuf qui est fort beau[4].

Avec votre permission, mon cousin, je veux dire deux mots à ma nièce de Bussy.

  1. 3. La Gazette du 2 février suivant contient la nouvelle que voici : « Le prince de Condé, après une indisposition plus longue que dangereuse, est présentement en bonne santé dans sa maison de Chantilly. »
  2. 4. Tout ce paragraphe manque dans le manuscrit de l’Institut.
  3. 5. « Que dites-vous de nos victoires et du beau coup d’échec qu’a fait M. de Turenne en faisant repasser le Rhin aux ennemis ? » (Manuscrit de l’Institut.) — Le combat de Turckheim, livré le 5 janvier, avait été le dernier de la belle campagne d’Alsace. « Nous vîmes au point du jour, dit la Fare (tome LXV, p. 211), qu’ils avoient abandonné leur camp, et par conséquent l’Alsace, parce que de là à Strasbourg, il n’y avoit plus de subsistance, puisqu’ils avoient pendant longtemps mangé tout ce pays. M. de Turenne… fit observer leur marche par le comte de Roye sans les poursuivre, et peu de jours après reçut la nouvelle qu’ils avoient tous repassé le Rhin sur le pont de Strasbourg. »
  4. 6. Dans le manuscrit de l’Institut : « Qui est un des plus beaux qu’on ait vus. » Il s’agit de Thésée, opéra de Quinault et de Lulli, représenté à Saint-Germain le 10 janvier ; Mme de Sévigné alla l’entendre le 26 juillet suivant : voyez sa lettre de ce jour-là même, et Walckenaer, tome V, p. 206-208.