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1675

de madame de sévigné à mademoiselle de bussy[1].

Je[2] prends toujours un grand intérêt à tout ce qui vous touche ; cette raison me fait sentir le bonheur que vous avez eu de n’avoir point épousé un certain homme dont le mérite est aussi petit que le nom en est grand[3] ; il faut avoir mieux ou rien. Adieu, ma nièce.

Je reviens à vous, mon cousin, pour vous dire que je laisse la plume à Mme de Grignan ; je dis la plume, car pour l’encre, vous savez qu’elle en a de toute particulière.

de madame de grignan à bussy,

Je n’ai point trouvé de papier noir, c’est ce qui m’a fait résoudre à me servir de l’encre la plus noire de Paris[4]. Il n’est festin que d’avaricieux : voyez comment celle de ma mère est effacée par la mienne. Je n’ai plus à craindre que les pâtés, qui sont presque indubitables avec une encre de cette épaisseur ; mais enfin il faut vous

  1. 7. Dans notre copie de lettres, après les mots : « Mademoiselle de Bussy, » une autre main a ajouté : « depuis marquise de Coligny. »
  2. 8. En tête de cet alinéa, on lit ici de plus dans le manuscrit de l’Institut : « Comment vont les mariages dont on parle pour vous, ma chère nièce ? L’arrière-ban vous auroit pu faire choisir en France, si votre oncle de Toulongeon n’en étoit pas revenu ; mais il est bien gardé que Dieu garde ; vous n’avez plus à compter que sur les infirmités ordinaires de la nature humaine. » — Sur la dernière convocation de l’arrière-ban (publiée le 17 août 1674), voyez l’Histoire de Louvois, par M. Rousset, tome II, p. 94 et suivantes, et p. 128. — Le beau-frère de Bussy n’avait pas d’enfants : voyez la lettre du 9 avril 1687, vers la fin.
  3. 9. On a écrit à la marge dans notre copie de lettres : « Le feu comte de Limoges ; » et dans le manuscrit de l’Institut on a substitué ce nom aux mots : « un certain homme. » Voyez plus haut, p. 318, la lettre du 15 décembre 1673, et p.152 note 4.
  4. 10. « Si vous ne pouvez lire aujourd’hui mon écriture, Monsieur, ce ne sera pas à cause de la blancheur de mon encre ; je vous écris de la plus noire de Paris. » (Manuscrit de l’Institut.)