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épouser, vous avez oublié d’ajouter à la petitesse du mérite celle du bien et de la personne. Je ne sais pas si je trouverai mieux, mais je sais bien que je ne saurois plus mal trouver. Adieu, ma chère tante.

de bussy à madame de grignan[1].

Je serois bien difficile, Madame, si je n’étois content de votre encre, et même de votre cœur. Il est vrai que l’encre de Madame votre mère ne fait que blanchir auprès de la vôtre, et vous l’effacez aujourd’hui. Vous vous êtes même sauvée des pâtés ; mais de quels écueils ne vous sauvez-vous pas[2] ? La beauté, l’esprit, la jeunesse et les occasions ne vous sauroient faire faire le moindre pâté dans votre conduite. Au reste, Madame, si j’avois la liberté d’aller à Paris, vous croyez bien que je la prendrois ; mais je vous assure que j’en sortirois quelquefois, quand ce ne seroit que pour recevoir de vos lettres. D’aller à Paris sans permission et sans affaires de conséquence[3], cela ne seroit pas trop sage, et l’amitié, quelque tendre qu’elle soit, ne sauroit passer pour affaire de conséquence. Je crois que vous aimeriez mieux aller et demeurer en Provence que de faire la moindre chose contre votre devoir ; mais je crois que vous souhaiteriez extrêmement que votre devoir s’accordât à demeurer à Paris ; et quand je ne devrois pas avoir le plaisir de vous y voir, je ne laisserois pas de souhaiter autant que vous que vous y fussiez toujours.

  1. 7. Dans le manuscrit de l’Institut, entre la lettre de Mlle de Bussy et la reprise de son père, on lit cette transition : « Vous voulez bien, ma chère cousine, que je réponde à Madame de Grignan ? »
  2. 8. « Ne vous sauveriez-vous pas ? » (Manuscrit de l’Institut.)
  3. 9. « Et sans affaire de conséquence qui oblige à la demander, » (Ibidem.)