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de madame de grignan à bussy.

Comme vous n’avez point le malheur de partager le chagrin de mon départ[1], je vous l’annonce sans prendre la précaution de vous envoyer votre confesseur. C’est donc ici un adieu, Monsieur le Comte ; mais un adieu n’est pas rude quand on n’est pas ensemble, et qu’ainsi l’on ne se quitte point[2] : c’est seulement avertir ses amis que l’on change de lieu. Si vous avez besoin de mes services et de l’huile de Provence, je vous en ferai votre provision. Mais ce n’est pas tout ce que je veux vous dire, c’est un compliment que je vous veux faire sur le mariage de Mademoiselle votre fille[3]. Je ne sais pas trop comment il s’en faut démêler, et je ne puis que répéter quelqu’un de ceux qu’on vous aura faits, et dont vous vous êtes déjà moqué. Ce sera donc pour une autre fois ; et si Dieu vous fait la grâce d’être grand-père au bout de l’an, je serai la première à vous dire mille gentillesses, et à elle aussi. En attendant, je vous embrasse tous deux de tout mon cœur.


  1. 6. « De partager le chagrin de mon départ avec personne. » (Manuscrit de l’Institut.)
  2. 7. « N’est pas rude quand on ne se quitte point. » (Ibidem.) — À la ligne suivante : « qu’on va changer de lieu ; » et un peu plus loin : « de mon service, » pour : « de mes services. »
  3. 8. « Mais tout ceci n’est pas ce que je vous veux dire ; c’est un compliment sur le mariage de Mlle de Bussy. » (Ibidem.)