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tête, quand le Coadjuteur me dit qu’en allant à Aix il y avoit trouvé M. de Grignan jouant à l’hoca. Quelle fureur ! au nom de Dieu, ne le souffrez point ; il faut que ce soit là une de ces choses que vous devez obtenir, si l’on vous aime. J’espère que Pauline se porte bien, puisque vous ne m’en parlez point ; aimez-la pour l’amour de son parrain[1]. Mme de Coulanges a si bien gouverné la princesse d’Harcourt, que c’est elle qui vous fait mille excuses de ne s’être pas trouvée chez elle quand vous allâtes lui dire adieu : je vous conseille de ne la point chicaner là-dessus. Ce que vous dites des arbres qui changent est admirable ; la persévérance de ceux de Provence[2] est triste et ennuyeuse : il vaut mieux reverdir que d’être toujours vert. Corbinelli dit qu’il n’y a que Dieu qui doive être immuable ; toute autre immutabilité est une imperfection ; il étoit bien en train de discourir aujourd’hui. Mme de la Troche et le prieur de Livry[3] étoient ici : il s’est bien diverti à leur prouver tous les attributs de la divinité. Adieu, ma très-aimable, je vous embrasse ; mais quand pourrai-je vous embrasser de plus près ? La vie est si courte ; ah ! voilà sur quoi il ne faut pas s’arrêter. C’est maintenant vos lettres que j’attends avec impatience.


  1. 5. D’après une lettre de d’Hacqueville citée plus haut, p. 414, note 4, le parrain de Pauline aurait été le cardinal de Retz. Cependant Perrin met en note : « M. de la Garde, » et il semble qu’il devait tenir ce renseignement de Mme de Simiane, qui ne pouvait guère se tromper là-dessus.
  2. 6. On voit en Provence plusieurs sortes d’arbres qui ne se dépouillent jamais de leurs feuilles, lesquelles demeurent vertes toute l’année, tels que l’olivier, l’oranger, les chênes verts, les lauriers, etc. (Note de Perrin.)
  3. 7. Mme de Sévigné lisait avec lui et trouvait-qu’il lui faisait une très-bonne compagnie. Voyez les lettres des 11 et 12 août et 16 septembre 1676.