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nous donnons, ce me semble, comme en dépôt, la personne de Son Éminence. Il me parut un fort honnête homme, un esprit droit et tout plein de raison, qui a de la passion pour lui, qui le gouvernera même sur sa santé, et l’empêchera bien de prendre le feu trop chaud sur la pénitence. Ils partiront mardi, et ce sera encore un jour douloureux pour moi, quoiqu’il ne puisse être comparé à celui de Fontainebleau. Songez, ma fille, qu’il y a déjà quinze jours, et qu’ils vont enfin, de quelque manière qu’on les passe.

Tous ceux que vous m’avez nommés apprendront votre souvenir avec bien de la joie ; j’en suis mieux reçue. Je verrai ce soir notre cardinal ; il veut bien que je passe une heure ou deux chez lui les soirs avant qu’il se couche, et que je profite ainsi du peu de temps qui me reste[1]. Corbinelli étoit ici quand j’ai reçu votre lettre ; il a pris beaucoup de part au plaisir que vous avez eu de confondre un jésuite : il voudroit bien avoir été le témoin de votre victoire. Mme de la Troche a été charmée de ce que vous dites pour elle. Soyez en repos de ma santé, ma chère enfant ; je sais que vous n’entendez pas de raillerie là-dessus. Le chevalier de Grignan est parfaitement guéri. Je m’en vais envoyer votre lettre chez M. de Turenne. Nos frères[2] sont à Saint-Germain. J’ai envie de vous envoyer la lettre de la Garde ; vous y verrez en gros la vie qu’on fait à la cour. Le Roi a fait ses dévotions à la Pentecôte. Mme de Montespan les a faites de son côté ; sa vie est exemplaire ; elle est très-occupée de ses ouvriers, et va à Saint-Cloud, où elle joue à l’hoca[3].

À propos, les cheveux me dressèrent l’autre jour à la

  1. 2. Voyez plus haut, p. 464.
  2. 3. Le Coadjuteur et l’abbé de Grignan. Voyez la note 7 de la lettre du 26 juin suivant.
  3. 4. Voyez tome II, p. 528, note 23.