Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 47 —

qu’ils feront à quelque maison de campagne[1]. Il y a moins d’aigreur contre le maréchal de Créquy que contre les deux autres : c’est qu’il a parfaitement bien dit ses raisons. Le maréchal de Bellefonds a été trop sec et trop d’une pièce. N’oubliez point de faire ce qui convient sur tout cela.


1672

271. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Deux jours après que j’eus reçu cette lettre (du 24 avril, voyez plus haut, p. 30), j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 1er mai 1672.

Vous me remettez en goût de vos lettres, Madame. Je n’ai pas encore bien démêlé si c’est parce que vous ne m’offensez plus, ou parce que vous me flattez, ou parce qu’il y a toujours un petit air naturel et brillant qui me réjouit. En attendant cette décision, je crois pouvoir vous dire qu’il y entre un peu de tout cela.

Pour vous parler des pas que je fais pour me relever de ma chute, je vous dirai qu’on demande quelquefois des choses qu’on est bien aise de ne pas obtenir. Je suis aujourd’hui en cet état sur la permission que j’ai demandée au Roi d’aller à l’armée. Mais voici des maréchaux exilés qui en augmentent la bonne compagnie. Ce sont ces gens-là qui sont heureux d’être exilés quand leur fortune est faite ; car enfin ils ont des établissements[2] que

  1. 15. Comparez la lettre précédente, p. 41. Mme de Montespan accoucha, le 20 juin 1672, du comte de Vexin, au château du Genitoi, en Brie ; c’est à ce château même, et non à Nanteuil, qu’elle reçut le Roi. Voyez la lettre 272 et la note 9 de cette lettre.
  2. Lettre 271. — 1. Dans la copie de Bussy : « Car enfin ils ont établissements. »