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horreur. Ma fille, mous avons trouvé une bonne veine, et qui nous explique bien une querelle que vous eûtes une fois dans la grand’chambre de Mme de la Fayette : je vous dirai le reste en Provence.

Ma tante est dans un état qui tirera dans une grande longueur. Votre voyage est parfaitement bien placé ; peut-être que le nôtre s’y rapportera. Nous mourons d’envie de passer la Pentecôte en chemin, ou à Moulins, ou à Lyon ; l’abbé le souhaite comme moi.

Il n’y a pas un homme de qualité, d’épée s’entend, à Paris. Je fus dimanche à la messe aux Minimes ; je dis à Mlle de la Trousse : « Nous allons trouver nos pauvres Minimes bien déserts, il n’y doit avoir que le marquis d’Alluye[1] ». » Nous entrons dans l’église, le premier homme que je trouve, et l’unique, c’est le marquis d’Alluye. Mon enfant, cette sottise me fit rire aux larmes : enfin il est demeuré, et s’en va à son gouvernement d’Orléans, sur le bord de la mer ; il faut garder les côtes, comme vous savez. L’amant de celle que vous avez nommée l’incomparable ne la trouva point à la première couchée, mais sur le chemin, dans une maison de Sanguin, au delà de celle que vous connoissez[2]. Il y fut deux heures : on croit qu’il y vit ses enfants pour la première fois[3]. La belle y est demeurée avec des gardes et une de ses amies ; elle y sera trois ou quatre mois sans en partir. Mme de la Val-

  1. 6. Paul d’Escoubleau, marquis d’Alluye et de Sourdis, gouverneur de la ville d’Orléans, Orléanois et pays chartrain. (Perrin.)
  2. 7. Sans doute la maison que Sanguin avait à Livry, dont il était seigneur et qui n’est pas loin du Génitoy, mais de l’autre côté de la Marne, Voyez la note 9 de la lettre 318. — Sur Sanguin, qui acheta en 1676 la charge de premier maître d’hôtel du Roi, voyez la lettre du 15 avril 1676.
  3. 8. Mme Scarron, gouvernante des enfants, dut être présente à l’entrevue, et c’est elle, dit Walckenaer (tome IV, p. 144), que Mme de Sévigné désigne à la ligne suivante par les mots : une de ses amies.