1672
horreur. Ma fille, mous avons trouvé une bonne veine, et qui nous explique bien une querelle que vous eûtes une fois dans la grand’chambre de Mme de la Fayette : je vous dirai le reste en Provence.
Ma tante est dans un état qui tirera dans une grande longueur. Votre voyage est parfaitement bien placé ; peut-être que le nôtre s’y rapportera. Nous mourons d’envie de passer la Pentecôte en chemin, ou à Moulins, ou à Lyon ; l’abbé le souhaite comme moi.
Il n’y a pas un homme de qualité, d’épée s’entend, à Paris. Je fus dimanche à la messe aux Minimes ; je dis à Mlle de la Trousse : « Nous allons trouver nos pauvres Minimes bien déserts, il n’y doit avoir que le marquis d’Alluye[1] ». » Nous entrons dans l’église, le premier homme que je trouve, et l’unique, c’est le marquis d’Alluye. Mon enfant, cette sottise me fit rire aux larmes : enfin il est demeuré, et s’en va à son gouvernement d’Orléans, sur le bord de la mer ; il faut garder les côtes, comme vous savez. L’amant de celle que vous avez nommée l’incomparable ne la trouva point à la première couchée, mais sur le chemin, dans une maison de Sanguin, au delà de celle que vous connoissez[2]. Il y fut deux heures : on croit qu’il y vit ses enfants pour la première fois[3]. La belle y est demeurée avec des gardes et une de ses amies ; elle y sera trois ou quatre mois sans en partir. Mme de la Val-
- ↑ 6. Paul d’Escoubleau, marquis d’Alluye et de Sourdis, gouverneur de la ville d’Orléans, Orléanois et pays chartrain. (Perrin.)
- ↑ 7. Sans doute la maison que Sanguin avait à Livry, dont il était seigneur et qui n’est pas loin du Génitoy, mais de l’autre côté de la Marne, Voyez la note 9 de la lettre 318. — Sur Sanguin, qui acheta en 1676 la charge de premier maître d’hôtel du Roi, voyez la lettre du 15 avril 1676.
- ↑ 8. Mme Scarron, gouvernante des enfants, dut être présente à l’entrevue, et c’est elle, dit Walckenaer (tome IV, p. 144), que Mme de Sévigné désigne à la ligne suivante par les mots : une de ses amies.