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1675 marquis de Montrevel[1], oncle de son mari, qui leur a déjà ôté la lieutenance générale[2]. On ne sait quelles mesures il a prises, ni de quelle manœuvre il s’est servi ; mais enfin, à l’heure qu’il paroissoit le moins, on lui a donné ce joli régiment : il est vrai qu’il est brave jusqu’à la folie. C’est celui qui faisoit l’amoureux de Mme de Coulanges, qui est beau et bien fait. J’oubliois qu’il plaide contre son neveu, et qu’il est son ennemi mortel ; car toute cette famille est divisée.

Le chevalier de Coislin[3] est revenu après la mort de M. de Turenne, disant qu’il ne pouvoit plus servir après avoir perdu cet homme-là ; qu’il étoit malade ; que pour le voir et pour être avec lui, il avoit fait cette dernière campagne ; mais que ne l’ayant plus, il s’en alloit à Bourbon. Le Roi, informé de tous ces discours, a commencé par donner son régiment, et a dit que, sans la considération de ses frères, il l’auroit fait mettre à la Bastille. Je ne sais pourquoi je vous conte toutes ces bagatelles : celle de la Montrevel m’a paru plaisante. Pour cette fois il n’y a pas de grands événements ; puisque vous en êtes lasse, on ne vous en mandera plus : mais s’il vous en souvient, vous en aviez voulu ; vous fûtes servie fort promptement ; et puis tout d’un coup vous dites que c’est assez : nous nous taisons.

Faucher, de l’hôtel d’Estrées, me vint voir hier ; il s’en retourne à Rome par la Savoie. Nous causâmes fort :

  1. Maréchal de France en 1703. Voyez tome III, p. 111, note 3, et p. 461, note 2.
  2. Perrin a ajouté entre parenthèses : « de Bresse. »
  3. Charles-César du Cambout de Coislin, chevalier de Malte, ayant quitté le service, se retira de la cour et du monde pour se livrer à tous les exercices de la plus haute piété. Voyez le Nécrologe de Port-Royal, p. 80, Amsterdam, édition de 1723. (Note de Perrin.) Il mourut à cinquante-huit ans le 13 février 1699. Voyez ci-dessus, p. 35, la lettre du 9 août précédent, note 16.