un petit portrait de M. de Turenne, qu’elle avoit au bras. Mme d’Elbeuf le lui a redemandé plusieurs fois ; elle a dit qu’elle l’avoit perdu : il nous est venu une pensée, qu’il ne l’est pas pour tout le monde. Ah ! grand héros ! faut-il que l’on vous sacrifie ? Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on offense les héros, quand ils ne sont pas dans leur tripot[1].
Mme de Vaubrun est à nos sœurs de Sainte-Marie ; elle est comme folle, et se moque du P. de Sainte-Marthe[2], son confesseur. Elle a fait venir dans l’église le corps de son mari[3] : on lui a fait un service plus magnifique que celui de M. de Turenne à Saint-Denis. Elle a son cœur sur une petite crédence, qu’elle voit, et qu’elle touche ; elle a deux bougies devant, elle y passe les journées entières du dîner au souper, nettement ; et quand on vient l’avertir qu’il y a sept heures qu’elle est là, elle ne croit pas qu’il y ait une demi-heure : personne ne peut la gouverner, et l’on craint tout de bon que son esprit ne se tourne[4]. Mme de Langeron est toujours inconsolable. Si je puis continuer ces deux sortes d’afflictions, vous aurez sujet d’être contente[5]. On assuroit hier que l’Empereur avoit fait faire un service à M. de Turenne. Adieu,
- ↑ Voyez la même locution, tome II, p. 20.
- ↑ Général de l’Oratoire. (Note de Perrin.) Abel-Louis de SainteMarthe, second fils de Gaucher, dit Scévole de Sainte-Marthe (l’un des deux frères jumeaux qui sont les premiers auteurs du Gallia christiana), fut élu général de la congrégation de l’Oratoire le 3 octobre 1672, se démit le 14 septembre 1696, et mourut à Saint-Paul aux Bois, près de Soissons, le jour de Pâques 1697.
- ↑ Tué le 1er août à l’affaire d’Altenheim. (Note de Perrin.)
- ↑ Dans l’édition de 1754 « et l’on craint que l’esprit ne lui tourne. » Voyez la lettre du 7 août précédent, p. 17, note 11.
- ↑ Voyez la lettre du 12 août précédent, p. 46.
M. de Turenne avoit eu la foiblesse de lui confier. Voyez les Mémoires de la Fare (tome LXV, p. 178). (Note de Perrin,1754.) — Voyez aussi tome II p. 328, note 7.