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1675 peu vers Sélestat[1]. Le maréchal de Créquy fait toujours le démon dans Trèves. La maréchale s’est si bien mis dans la tête que Sanzei y est avec son mari, que Mme de Sanzei n’ose pas encore prendre le deuil : au moins elle attendra jusqu’à la fin du siège. M. de Saint-Aoust[2], allant reconnoître un mouvement des ennemis avec trente maîtres, en rencontra deux cents ; il les prit pour être des nôtres, et s’avança trop. Ses gens l’abandonnèrent. On lui demanda s’il vouloit quartier ; il dit que non : cela est bien imprudent ; ils l’ont tué, et rendu sa sœur et son vilain mari les plus riches gens de France ; le songe est bien singulier[3].

Je comprends fort bien tous les compliments que vous avez reçus sur le sujet de vos beaux-frères[4], et les échos qui répondent un mois après comme ceux d’Olioules[5] ; cela est fort incommode, en vérité. Un poltron et un sot, comme vous dites, vous donneroient bien moins d’affaires.

Mme de Coetquen n’est pas digne d’être affligée si longtemps[6] elle prit à Mme d’Elbeuf, il y a deux ans,

  1. L’édition de 1754 ajoute « et qui nous fait abandonner la basse Alsace. »
  2. 21. « Le comte de Saint-Aoust, brigadier de cavalerie, d’un très-grand mérite, » dit la Gazette, qui raconte cette mort dans le numéro du 7 septembre. Elle rapporte qu’il fut tué en allant, avec vingt mousquetaires, reconnaître des fourrages, et que son corps fut porté à Ath pour y être enterré. Les deux éditions de Perrin donnent de Saint-Thou.
  3. Voyez la lettre suivante, p. 120.
  4. M. le chevalier de Grignan et M. le coadjuteur d’Arles. (Note de Perrin.) — Voyez, sur la belle conduite du premier à Altenlheim, les lettres des 9 et 12 août précédents et du 17 novembre suivant ; sur le succès que venait d’avoir une harangue de l’autre au Roi, la lettre du 19 août précédent. L’édition de 1734 porte « sur vos héros de beaux-frères. »
  5. Des Vaux d’Olioules, dans le Var, non loin de Toulon.
  6. Mme de Coetquen avoit mal gardé un secret important que