Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 127 —


1675moitié du monde, comme elle fait : je suis une des plus attachées à sa cour.

J’emporte du chagrin de mon fils : on ne quitte qu’avec peine les nouvelles de l’armée ; je lui mandois l’autre jour[1] qu’il me sembloit que j’allois mettre ma tête dans un sac, où je ne verrois ni n’entendrois rien de tout ce qui va se passer sur la terre. Il ne croit pas qu’il se fasse de détachement que vers la mi-octobre. S’il nous répond du détachement, nous le connoissons assez pour répondre de l’attachement : ainsi vous n’avez pas à souhaiter pour lui[2]. M. de la Trousse reviendra bientôt sur sa parole ; il n’aura point le gouvernement de Philippeville[3] : nous ne saurions deviner encore ce que la fortune lui garde ; souvent c’est un coup de mousquet : Dieu l’en préserve ! Je vis, le matin que je partis, le grand maître[4] et la bonne Troche, qui me mena à la messe, et attendre mon carrosse chez Mme de la Fayette, où je trouvai le marquis de Saint-Maurice, qui vient d’Angleterre dire la mort de son duc[5] : c’est la cérémonie.

Je m’en vais d’Orléans jouer de mon reste, et me mêler de vous dire encore des nouvelles : vous devinerez les auteurs. Il est certain que l’ami et Quanto[6] se sont vérita-

  1. Dans l’édition de 1754 : « Je lui mandois, comme à vous, l’autre jour. » Voyez plus haut, p. 120, lettre du 6 septembre. — Les mots qu’il me sembloit manquent dans l’édition de Rouen (1726).
  2. Ce morceau, depuis : « Il ne croit pas, etc., » n’est que dans l’édition de la Haye (1726).
  3. Vacant par la mort du marquis de Vaubrun. (Note de Perrin.) — Ce gouvernement fut donné, comme nous l’avons dit plus haut, au sieur de Madaillan, « officier d’un mérite singulier, qui étoit lieutenant de Roi de cette place. » (Gazette du 21 septembre.)
  4. Le duc du Lude.
  5. Charles-Emmanuel, due de Savoie, mort le 12 juin 1675. Voyez la lettre du 19 juin 1675, tome III, p. 484.
  6. Dans l’édition de 1725, qui ne contient qu’un fragment de cette lettre, on lit : le Roi, au lieu de l’ami ; et Quanto est remplacé par trois points. Dans l’édition de la Haye il y a trois astérisques à la place de chacun de ces deux noms ; dans celle de Rouen, des points.