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1675 l’amour de moi, et m’aimez tous deux, car votre amitié est pour moi une chose admirable. Je vous renvoie vos mêmes paroles, je les ai trouvées très-propres pour ce que je pense.

Il me semble que nous causerions bien présentement l’histoire de cette province tiendroit un assez grand espace [1], et vous divertiroit. Et notre bon cardinal, et M. de Turènne, et Monsieur le Prince, et le maréchal de Créquy, ne croyez-vous point que tous ces chapitres ne pussent nous conduire assez loin ? Nous dirions bien un petit mot aussi de la Provence et de la Fourbinerie [2] : enfin il ne seroit question que d’être à portée de nous pouvoir entendre; mais on ne commence guère de conversation d’un bout de la terre à l’autre; nous sommes quasi aux deux extrémités. Dieu nous rassemble, mon pauvre Monsieur! mais, hélas! notre petite Comtesse nous manquera cet hiver. Voilà un endroit de mon cœur qui vous feroit pitié. Le Baron [3] est encore une autre belle chose. Je meurs de peur que M. de Luxembourg ne fasse parler de lui en vérité, la vie est triste quand on est aussi tendre aux mouches que je la suis. Je ne suis point encore, consolée de la capucine ; j’ai vu notre malheur dans cette affaire. Monsieur et Madame, je vous assure que je suis très-véritablement à vous.

M. DE RABUTIN CHANTAL.

Suscription : Pour Monsieur le comte de Guitaut.

  1. Dans l’autographe « une assez grand espace ; un peu plus bas, comme par compensation « un autre belle chose. »
  2. Voyez la lettre d’avril ou mai 1674 (au comte de Guitaut), tome III, p. 407, note 8.
  3. Charles de Sévigné.
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