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1675

448. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
AU COMTE DE GUITAUT.

À Nantes, 21e septembre [1].

Je ne puis assez vous remercier de m’avoir mandé l’heureux accouchement de Madame votre chère épouse. J’y avois pensé plus de mille fois, et j’y prenois un intérêt bien plus grand que celui qu’on prend d’ordinaire à ceux dont nous dépendons cela fait voir la douceur de votre domination.

Que je suis aise que vous soyez content de M. Joubert[2] ! ne vous l’avois-je pas bien dit, que c’étoit un bon et habile homme ? Mais aussi, que Mme de Guitaut est une raisonnable femme d’être accouchée comme on a accoutumé, et de n’aller point chercher midi à quatorze heures, comme Mme de Grignan, pour faire un accouchement hors de toutes les règles[3] Voilà ces îles en honneur pour les femmes grosses de neuf mois ; si ma fille l’est, je lui conseille d’y aller[4]. Je ne sais point de ses nouvelles sur ce sujet ; mais, comme vous dites ce n’est pas à dire que cela ne soit pas vrai je vous assure que j’en serai très-affligée. Cette peine me viendra quand je n’ai plus celle de Mme de Guitaut, car c’étoit une de mes inquiétudes, et Dieu ne permettra pas que j’aie le plaisir d’en avoir une de moins. Embrassez donc l’accouchade[5] pour

  1. LETTRE 448 (revue sur l’autographe). — 1. La lettre est ainsi datée de la main de Mme de Sévigné. On l’a d’abord publiée sans date ; puis, par nous ne savons quelle conjecture, on y a mis, dans les éditions qui ont précédé la nôtre, la date de juillet 1674.
  2. C’était sans doute l’accoucheur de Mme de Grignan. Voyez la lettre du 17 novembre suivant.
  3. Voyez la lettre à Bussy du 15 juillet 1673, tome III, p. 213.
  4. Mme de Guitaut était accouchée aux îles Sainte-Marguerite.
  5. C’est-à-dire l’accouchée. C’est la forme provençale du participe.