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Nous partons demain pour les Rochers, où je recevrai et trouverai de vos nouvelles, ma très-aimable et très-chère ; j’ai été deux jours en ce pays plus que je ne voulois : c’est ce qui fait que je n’y ai reçu que deux de vos lettres. Je me porte très-bien ; et vous, mon enfant, dormez-vous ? votre bise est-elle traitable ? Il fait un temps admirable présentement. Je vous embrasse avec une tendresse extrême : je crois que vous n’en doutez pas.

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450. —— de madame de sévigné
à madame de grignan
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Aux Rochers, dimanche 29e septembre.

Je vous ai écrit, ma chère fille, de tous les lieux où je l’ai pu ; et comme je n’ai pas eu un soin si exact pour notre cher d’Hacqueville et pour mes autres amis, ils ont été dans des peines de moi dont je leur suis trop obligée. Ils ont fait l’honneur à la Loire de croire qu’elle m’avoit abîmée : hélas, la pauvre créature ! je serois la première à qui elle eût fait ce mauvais tour ; je n’ai eu d’incommodité que parce qu’il n’y avoit pas assez d’eau dans cette rivière. D’Hacqueville me mande qu’il ne sait que vous dire de moi et qu’il craint que son silence sur mon sujet ne vous inquiète. N’êtes-vous pas trop aimable, mon enfant, d’avoir bien voulu paroître assez tendre pour moi pour que l’on vous épargne sur les moindres choses ? Vous m’avez si bien persuadée la première, que je n’ai eu d’attention qu’à vous écrire très-soigneusement. Je partis donc de la Silleraye le lendemain que je vous eus écrit, qui fut le mercredi ; M. de Lavardin me mit en carrosse, et M. d’Harouys m’accabla de provisions. Nous arrivâmes ici jeudi ; je trouvai d’abord Mlle du Plessis plus af-