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un sentiment qui est bien naturel dans le malheur et dans la vieillesse. Je les trouve moins patients que vous : c’est qu’ils ont moins de santé, de force d’esprit et de philosophie.

J’ai été quelques jours à Nantes, où M. de Lavardin et M. d’Harouys m’ont régalée en reine. Enfin je suis arrivée dans ce désert, où je trouve des promenades que j’ai faites, et dont le plant me donne un ombrage qui me fait souvenir que je ne suis pas jeune. Le bon abbé ne m’a point quittée. Nous pensons fort à régler nos affaires, et je profite de ses bontés. Il n’y a rien de si juste et de si bien réglé que nos comptes. Il ne manque qu’une petite circonstance à notre satisfaction : c’est de recevoir de l’argent. C’est ce qu’on ne voit point ici ; l’espèce manque, c’est la vérité. Êtes-vous aussi mal en Bourgogne ?

Je ne crois pas passer ici l’hiver : mais si je retourne à

    Tallemant des Réaux, p. 231), » était, dit Bussy (Histoire amoureuse des Gaules, tome II, p. 387), « frère du président Ardier, d’une assez bonne famille de Paris, agréable de visage, assez bien fait de sa personne ; il étoit savant en honnête homme, il avoit l’esprit plaisant et satirique, quoiqu’il craignît tout, et cela lui avoit attiré souvent de méchantes affaires. » C’était, dit M. Cousin (tome II, p. 260, de la Société française), « une sorte de bel esprit maniéré, tranchant du gentilhomme… C’est pourtant à ce Vineuil qu’on a quelque temps attribué certaines parties des Mémoires de la Rochefoucauld, celle entre autres où se trouve le portrait de Mme de Longueville, un des chefs-d’œuvre du grand écrivain. » — « Confident de Condé, dit à son tour Walckenaer (tome V, p. 319), Vineuil avait été l’ami de Turenne et écrivait la vie de ce héros (voyez la lettre du 20 novembre 1676). Son ardeur pour les plaisirs l’avait condamné à une vieillesse précoce, et il était devenu dévot ; mais il n’en était pas moins resté un homme aimable et spirituel. Sa conversation plaisait à Mme de Sévigné. Avec lui, plus encore qu’avec la princesse de Tarente, elle aimait à remonter vers son passé. » Vineuil était un des exilés de la Loire. Voyez p. 167, la note 7 de la lettre précédente, et le second alinéa de la lettre du 17 septembre, p. 136.