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1675 sentement, sans que je ferois scrupule de me servir d’un remède si admirable, quand je n’en ai nul besoin. Cette princesse ne songe qu’à sa santé n’est-ce pas assez Vous croyez bien que je ne manquerai pas de prendre toutes ses médecines mais en vérité ce ne sera pas quand je me porte bien. Je vous manderai dans quelque temps la suite des prospérités du bateau.

Vous ferez la Plessis trop glorieuse, car je lui dirai comme vous l’aimez. A la réserve de ce que je vous disois l’autre jour, je ne pense pas qu’il y ait une meilleure créature. Elle est tous les jours ici. J’ai dans ma poche de votre admirable reine d’Hongrie j’en suis folle, c’est le soulagement de tous les chagrins; je voudrois en envoyer à Rennes. Ces bois sont toujours beaux le vert en est cent fois plus beau que celui de Livry. Je ne sais si c’est la qualité des arbres ou la fraîcheur des pluies; mais il n’y a pas de comparaison tout est encore aujourd’hui du même vert du mois de mai. Les feuilles qui tombent sont feuille-morte ; mais celles qui tiennent encore sont vertes vous n’avez jamais observé cette beauté. Pour l’arbre bienheureux qui vous sauva la vie, je serois tentée d’y faire bâtir une chapelle ; il me paroit plus grand, plus fier et plus élevé que les autres ; il a raison, puisqu’il vous a sauvée. Du moins je lui dirai la stance de Médor dans l’Arioste [1], quand il souhaite tant de bonheur et tant de

    Royal, pour varier le répertoire, et dont ensuite il composa, sous le titre du Médecin malgré lui (représenté le 6 août 1666), une pièce plus régulière, qu’on désigna souvent et qu’on désigne encore quelquefois par un de ses titres primitifs, celui du Fagotier. » (Notice d’Auger, dans le tome V de son édition de Molière, p. 366.)

  1. Orlando furioso, chant XXIII, stance CIX :

    .... Benigno abbiate sole e luna,
    E delle ninfe il coro che proveggia
    Che non conduca a voi pastor mai greggia.

    « Que le soleil et la lune vous soient favorables, et puisse le chœur