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si à propos, si précisément ce que je souhaitois, que je vous en remerciai mille fois intérieurement. Je lus à Mme de Tarente tout ce qui la regardoit elle en fut ravie. Sa fille est malade ; elle en reçoit pourtant des lettres, mais d’un style qui n’est point fait : ce sont des chères mamans et des tendresses d’enfant, quoiqu’elle ait vingt ans. Tous ses amants sont à la guerre[1]. Madame écrit en allemand de grandes lettres à Mme de Tarente[2] : je me les fais expliquer. Elle lui parle avec beaucoup de familiarité et de tendresse, et la souhaite fort. Il me paroît que Mme de Monaco[3] auroit sujet de craindre la princesse, si celle-ci étoit catholique ; car sa place seroit bien son fait. Madame lui dit qu’elle ne peut être contente qu’en la voyant établie auprès d’elle. Mme de Monaco voulut un jour donner sur la bonne Tarente ; Madame, malgré cette belle passion, la fit taire brusquement.

Mme de Chaulnes vient à Vitré voir la princesse, et c’est là que j’irai rendre mes devoirs à la gouvernante et à la petite personne[4] ; ce me sera une grande commodité.

J’ai eu ici Mme de Marbeuf[5] pendant vingt-quatre heures : c’est une femme qui m’aime, et qui en vérité a de bonnes qualités, et un cœur noble et sincère. Elle a vu tous les désordres de cette province de fort près ; elle me les joua au naturel : ce sont des choses à pâmer de rire, et que vous ne croiriez pas si je vous les écrivois ; mais quelque jour, pour vous endormir, cela sera mer-

  1. LETTRE 461. — Voyez la lettre du 2 octobre précédent, p. 157.
  2. Madame, comme nous l’avons dit, était nièce de la princesse de Tarente.
  3. Surintendante de la maison de Madame.
  4. La sœur de Mlle de Murinais. Voyez tome II, p. 300, note 19.
  5. Louise-Gabrielle de Louet, femme de Claude de Marbeuf, président à mortier au parlement de Rennes. Voyez la Notice, p. 196.