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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/204

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1675veilleux. Cette marquise de Marbeuf s’en va à Digne pour un rhumatisme[1] ; elle vous ira voir ; je vous prierai en ce temps-là de la recevoir comme une de mes amies.

D’Hacqueville me mande que, pendant votre assemblée, il ne vous laissera point manquer de nouvelles : je le remercie fort de ses soins. Il m’apprend que notre parlement est transféré, et qu’il y a des troupes à Rennes mais de sa propre main[2].

Notre cardinal non-seulement est recardinalisé, mais vous savez bien qu’en même temps il a eu ordre du pape de sortir de Saint-Mihel ; de sorte qu’il est à Commerci. Je crois qu’il y sera fort en retraite, et qu’il n’aura plus de ménagerie[3] : le voilà revenu à ce que nous souhaitions tous. Sa Sainteté a parfaitement bien fait, ce me semble : la lettre du consistoire est un panégyrique : je serois fâchée de mourir sans avoir encore une fois embrassé cette chère Éminence. Vous devez lui écrire, et ne le point abandonner sous prétexte qu’il est dans la troisième région : on n’y est jamais assez pour aimer les apparences d’oubli de ceux qui nous doivent aimer. Vous avez donc été bien étonnée de cette pièce d’argent[4] ; elle est comme

  1. Il y a auprès de Digne des eaux thermales qui avaient déjà de la réputation chez les anciens.
  2. C’est pour la seconde fois que Mme de Sévigné plaisante sur la manie d’Hacqueville, qui lui envoyait de Paris des nouvelles de Bretagne. Voyez ci-dessus, p. 183, la lettre du 16 octobre précédent, et la note 12 de cette lettre.
  3. Le cardinal de Retz avait fait établir à Ville-Issey une ménagerie qui renfermait des bêtes fauves et notamment des cerfs. Il paraît en outre, d’après des documents puisés dans les archives de Commerci, qu’il entretenait à grands frais une basse-cour et des viviers. Voyez l’Histoire de la ville et des seigneurs de Commercy, par M. Dumont, tome II, p. 162, et la Notice biographique de Retz, par M. Champollion-Figeac, tome 1 des Mémoires de Retz, p. xix.
  4. C’étoit cette cassolette dont M. le cardinal de Retz faisoit présent à Mme de Grignan. (Note de Perrin.)