Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 239 —


1675avant-hier. Il est sans exemple qu’un président de la noblesse ait jamais fait une pareille course. Il n’y a qu’un exemple dans les chroniques d’un général portugais qui voulut porter la nouvelle lui-même de la bataille qu’il avoit gagnée contre les Castillans, et laissa sa pauvre armée à la gueule au loup[1]. On ne voit point l’effet de cette députation ; pour moi, je crois que tout est réglé et joué, et qu’ils nous rapporteront quelque grâce : je vous le manderai ; mais jusques ici nous n’en voyons pas davantage.

Le frater de M. Faure est toujours dans une grande agitation : c’est une sotte et misérable histoire. Je l’ai jetée entre les bras de la bonté de d’Hacqueville, et je crois que ce frater viendra après avoir su ce qu’il doit espérer.

M. de Montmoron a été ici deux ou trois jours pour des affaires. Il a bien de l’esprit ; il m’a dit de ses vers ; il sait et goùte toutes les bonnes choses. Nous relûmes la mort de Clorinde[2] : ma bonne, ne dites point, je la sais par cœur, relisez-la, et voyez comme tout ce combat et ce baptême est conduit ; finissez à

…Ahi vista ! ahi conoscenza[3]!
  1. Tel est le texte du manuscrit et de Perrin ; dans l’édition de la Haye (1726) : « à la gueule du loup. »
  2. Au douzième chant de la Jérusalem délivrée.
  3. Quel spectacle ! quelle reconnaissance ! C’est la fin de la stance LXVII.