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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/257

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1675parie qu’il n’en sera rien, et que comme cela tombe sur nos amis les gouverneurs, lieutenants généraux, commissaires du Roi, premiers présidents et autres, on n’aura ni la hardiesse, ni la générosité de rien retrancher.

Mme de Quintin[1] est à Dinan : son style est enflé comme sa personne ; ceux qui sont destinés à faire des harangues puisent là toutes leurs grandes périodes : c’est une chose bien dangereuse qu’une provinciale de qualité, et qui a pris, à ce qu’elle croit, l’air de la cour. Il y a ici une petite Mme de N***, qui n’y entend pas tant de finesse : elle est belle et jeune ; elle est de la maison de M***, et n’a point été changée en nourrice. Voilà ce qui s’appelle bien précisément des nouvelles de Bretagne.

Nous travaillons à finir une sotte affaire avec un président[2], pour recevoir le reste du payement d’une terre : c’est ce qui nous arrête présentement.

  1. Suzanne de Montgommery, qui avait épousé Henri Goyon de la Moussaie, comte de Quintin et neveu de Turenne. Le père du comte de Quintin avait été gouverneur de Rennes. Voyez tome II, p. 289 et suivante. — « Elle avoit été fort jolie, parfaitement bien faite, fort du monde, veuve de bonne heure sans enfants, riche de ses reprises et de trente mille livres de rente que M. le maréchal de Lorges lui faisoit sa vie durant pour partie de l’acquisition de Quintin qu’il avoit faite de son mari. » Voyez encore sur son esprit, sur la cour qu’elle s’était faite « où on étoit en respect comme à la véritable », sur ses soupirants, sur son mariage « assez ridicule, » en 1698, avec Mortagne, « qui depuis vingt ans en étoit amoureux, » Saint-Simon, tome II, p. 86 et suivantes ; il nous apprend, tome X, p. 69, qu’elle mourut fort décrépite en 1712, et que sa maison et sa considération étaient usées depuis longtemps.
  2. Mme de Sévigné exerçant les droits cédés de sa fille et se portant fort de son fils, mineur émancipé, avait vendu, par contrat passé devant Gabillon, notaire à Paris, le 18 avril 1671, moyennant quarante mille livres, la terre seigneuriale de la Baudière, située dans la paroisse Saint-Didier, diocèse de Rennes, à Jean Dubois Geslain, vicomte de Mesneuf, président à mortier au parlement de Bretagne ; mais comme on n’avait pas justifié, en passant l’acte, du droit de haute justice, le président avait conservé une somme de cinq à six mille francs sur son prix jusqu’à la remise qui lui serait faite du titre qui établissait ce droit. — « En décembre 1834, nous avons pris connaissance (est-il dit dans une note manuscrite de M. Monmerqué) de la minute du contrat de vente signé par Marie de Rabutin Chantal, dans l’étude de M. Huillier, notaire, successeur médiat de Gabillon. » — Voyez la lettre de l’abbé de Coulanges, du 15 août 1674, tome III, p. 411 et suivante, note 6.