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vous servir et vous instruire de ce côté-là. Je vous suis inutile à tout in questa remota parte[1] : c’est un de mes plus grands chagrins. Si jamais je puis me revoir à portée de vous être bonne à quelque chose, vous verrez comme je récompenserai le temps perdu.

Adieu, ma très-chère et très-aimée bonne, je vous souhaite une très-parfaite santé : c’est le vrai moyen de conserver la mienne, que vous aimez tant ; elle est très-bonne. Je vous embrasse très-tendrement, et vous dirois combien mon fils est aimable et divertissant ; mais le voilà, il ne faut pas le gâter.

DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.

JE n’aurois rien à vous dire, ma petite sœur, après tout ce que je vous ai mandé il y a trois jours, si nous n’avions passé l’après-dînée avec Mlle du Plessis, qui est toujours charmante et divine. L’illustre fille dont j’ai à vous entretenir a quelque chose de si étrangement beau et de si furieusement agréable, qu’elle peut aller de pair avec l’aimable Tisiphone. Une lèpre qui lui couvre la bouche est jointe à cette prunelle qui fait souhaiter[2] un parasol au milieu des brouillards, et tout son désespoir c’est que cela l’empêche de baiser ma mère à tous les quarts d’heure du jour ; elle a eu une manière de peste sous le bras qui l’a retenue longtemps chez elle : je me

  1. « Dans ce pays reculé. » — Voyez les derniers mots des vers italiens cités un peu plus haut (p. 265) :
    xxxxxxxxx Nè strepito di marte
    Ancor turbò questa remota parte.
  2. Dans l’édition de Rouen (1726) : « Je vous souhaite très-parfaite santé. »