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1675transporté et plein des bontés du Roi, et surtout des honnêtetés particulières qu’il a eues pour lui, sans faire nulle attention à la ruine de la province, qu’il a apportée agréablement avec lui[1]. Ce style est d’un bon goût à des gens pleins de leur côté du mauvais état de leurs affaires. Il dit que Sa Majesté est contente de la Bretagne et de son présent, qu’il[2] a oublié le passé, et que c’est par confiance qu’il envoie ici huit mille hommes, comme on envoie un équipage chez soi quand on n’en a que faire. Pour M. de Rohan, il a des manières toutes différentes, et qui ont plus de l’air d’un bon compatriote. Voilà nos chiennes de nouvelles ; j’ai envie de savoir des vôtres, et ce qui sera arrivé de votre procureur du pays. Vous ne devez pas douter que les Jansons n’aient écrit de grandes plaintes à M. de Pompone. Je crois que vous n’aurez pas oublié d’écrire aussi, et à Mme de Vins, qui s’étoit mêlée d’écrire pour Saint-Andiol[3]. C’est d’Hacqueville qui doit

  1. Quelque temps avant son voyage à Paris, l’évêque de SaintMalo écrivait à Colbert (à la date du 28 août 1675) : « Vous êtes, Monsieur, si bien averti par M. le duc de Chaulnes du bon état qu’a déjà produit l’arrivée des troupes du Roi en basse Bretagne, qu’il seroit inutile de vous en faire ici tout le détail ; mais je me sens obligé de vous dire qu’après les furies de ce peuple barbare et les mauvaises intentions qui vous ont paru en bien d’autres esprits et cantons de cette province, si les châtiments ne sont sévères et les exemples un peu forts, tandis qu’on a la force en la main, il est à craindre qu’après le retour des troupes, l’humeur séditieuse ne reprenne bien des gens, quand il sera question de faire exécuter les édits et faire faire la levée des francs fiefs et autres taxes sur les officiers. » (Correspondance administrative sous Louis XIV, tome I, p. 550.)
  2. Il (c’est le texte du manuscrit et de Perrin), comme si le sujet n’était pas Sa Majesté, mais le Roi. Les éditions de 1726 portent : « elle a oublié, » et à la ligne suivante : « on envoie. »
  3. Beau-frère du comte de Grignan. Voyez tome II, p. 116, note 13, et la lettre du 9 décembre 1676.