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1675dites, aux dépens de qui il appartiendra ; puisque ce ne peut plus être la mort de M. de Turenne, vogue la galère Vous me dites des choses admirables : je les lis, je les admire, je les crois, et tout de suite vous me mandez qu’il n’y a rien de plus faux ; je reconnois bien le style et le bavardage des provinces. Vous jugez superficiellement de celui qui gouverne celle-ci, quand vous croyez que vous feriez de même ; non, vous ne feriez point comme il a fait, le service du Roi même ne le voudroit pas. Ah, que vous aviez bon esprit l’hiver passé ! ce n’est point ici le temps de penser aux députations ; faisons la paix, et puis nous penserons à tout.

Pour la religion des Juifs, je le disois en lisant leur histoire : Si Dieu m’avoit fait la grâce d’y être née[1], je m’y trouverois mieux qu’en nulle autre, hormis la bonne ; je la trouve magnifique : vous devez l’aimer encore plus par cette année de repos[2] et de robes de chambre, où vous seriez un exemple de piété : jamais sabbat n’auroit été mieux observé dans votre grand fauteuil.

Rippert a reçu les Essais de morale ; il y a plusieurs traités[3], et surtout un qui me plaît plus que les autres : vous le devinerez. Je suis ravie de votre bonne santé et de votre beauté ; car je vous aime toute. Cette pommade vient de votre petite femme, à qui vous l’avez demandée : vous vous en êtes toujours bien trouvée[4] ; mais

  1. C’est à propos d’un mot de M. de R***, qui avoit dit : « Si Dieu m’eût fait la grâce d’être né Turc, je mourrois Turc. » (Note de Perrin, 1754.)
  2. Allusion à cette loi de Moïse : « La septième année, ce sera le sabbat de la terre et du repos du Seigneur. Vous ne sèmerez point votre champ, et vous ne taillerez point votre vigne. » (Lévitique, chap. xxv, v. 4.)
  3. Voyez ci-dessus, p. 231, notes 13 et 14 ; et plus bas, p. 277.
  4. « Vous vous en êtes toujours bien trouvée en Provence. » (Édition de 1754.)