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1675et sur cet écueil qu’elle trouve sur la fin de sa vie ; cela doit faire trembler ; assurément la tête de leurs chevaux se heurtera, en arrivant à Paris chacun de son côté. Il en faut revenir à Solon : « Nulle louange avant la mort[1]. » Cela est bien contraignant pour moi, qui aime à louer ce qui est louable : le moyen d’attendre ? j’irai toujours mon train, quitte à changer quand on changera. Adieu, ma très-chère et très-aimable : vous ne sauriez être plus parfaitement aimée que vous l’êtes de moi.

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477. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES
DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, dimanche 15e décembre.
DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

AH ! ma bonne, que je viens bien de me promener dans l’humeur de ma fille ! il n’est point question en ce pays de celle de ma mère[2]. Je viens de ces bois ; vraiment ces allées sont d’une beauté à quoi je ne m’accoutume point[3]. Il y en a six que vous ne connoissez point du tout, mais celles que vous connoissez sont fort embellies par la beauté du plant. Le mail est encore plus beau que tout le reste, et c’est l’humeur de ma fille. Il fait présentement doux et sec ; j’y suis demeurée au delà de l’entre

  1. Voyez dans le Ier livre d’Hérodote, chap. xxx et suivants, l’entretien de Solon et de Crésus.
  2. LETTRE 477. — Voyez la Notice, p. 237 et 238, et la lettre du 21 juillet 1680.
  3. « Je viens de ce bois ; vraiment ces allées sont d’une beauté où je ne m’accoutume point. » (Édition de la Haye.) — L’impression de 1754 porte agrément, au lieu de beauté.