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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/285

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1675on ne peut pas s’exposer de meilleure grâce. J’avois bien résolu de traiter le chevalier de la même sorte, mais je crains bien que nous n’ayons que son régiment. J’avois dessein de vous dire que si je le retenois ici, je le mangerois de caresses ; mais vous me le dites, je n’ai qu’à vous avouer que vous avez raison, et que j’aimerois fort à le voir ici : pourvu qu’il ne plût point à verse, je suis assurée qu’il ne s’y ennuieroit pas.

Parlez-moi, ma chère petite, de votre jeu, de votre santé ; je n’ai point été longtemps en peine de votre rhume : ce ne fut pas l’ordinaire d’après que la poste me manqua. J’ai reçu depuis huit jours quatre paquets, deux à la fois ; il ne s’en perd aucun pour le dérangement, il faut s’y rendre[1]. Ne mandez point à Paris que je n’irai pas sitôt : ce n’est pas que je craigne que quelqu’un se pende ; mais c’est que je ne veux pas donner cette joie à Mirepoix[2].

Adieu, ma chère enfant ; vous ne sauriez vous tromper, quand vous croyez que je vous aime de tout mon cœur. Voilà le petit frater qui va vous dire ce que je fais les jours maigres, et comme on a dit aujourd’hui la première messe dans notre chapelle ; car quoiqu’il y ait quatre ans qu’elle soit bâtie, elle étoit dénuée de tout ce qui pouvoit la mettre en état de s’en servir.

Le bien Bon vous aime, et vous conjure d’être toujours habile, comptante, calculante et supputante, car c’est tout : et qu’importe d’avoir de l’argent, pourvu qu’on sache seulement combien il est dû ? Vos fermiers font bien mieux leur devoir que les nôtres ; vous payez vos

  1. C’est le texte des impressions de 1726. Dans l’édition de 1754, la seule de Perrin qui donne cette phrase, il y a résoudre, au lieu de rendre.
  2. À la place de ce nom propre, que donnent les éditions de 1726, on lit dans les deux de Perrin : « à qui vous savez. »