Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 280 —


arrérages mieux qu’aucune personne de la cour : c’est ce qui fait un grand honneur et un grand crédit. Je m’ennuie de n’entendre point parler du mariage de votre belle-fille. M. d’Ormesson marie son fils[1] à une jeune veuve, afin qu’il n’y en ait pas deux ensemble ; je vous manderai quand il faudra lui écrire. Nos états sont finis ; il nous manque neuf cent mille francs de fonds : cela me trouble, à cause de M. d’Harouys. On a retranché toutes les pensions et gratifications à la moitié. M. de Rohan n’osoit, dans la tristesse où est cette province, donner le moindre plaisir ; mais Monsieur de Saint-Malo, linotte mitrée[2], âgé de soixante ans, a commencé…. vous croyez que c’est les prières de quarante heures ; c’est le bal à toutes les dames, et un grand souper: ç’a été un scandale public. M. de Rohan, honteux, a continué, et c’est ainsi que nous chantons en mourant, semblables au cygne ; car mon fils le dit. Où il l’a lu ? c’est sur la fin de Quinte-Curce.

DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.

Ma tante de Biais[3] m’a appris cette érudition ; mais elle ne m’a pas appris ce que je fis hier, dont je vais vous rendre compte. Vous savez, ou du moins vous vous doutez que je ne passe pas ma vie aux Rochers, et ainsi que toutes les histoires du pays me sont extrêmement

  1. André le Fèvre d’Ormesson, conseiller au grand conseil en 1671, maître des requêtes en 1676, commissaire de la chambre ardente en 1679, et intendant de Lyon en 1682, épousa, le 15 février 1676, Éléonore le Maître, veuve de François Leroy, conseiller au parlement, morte en 1681. Il mourut à Lyon en 1684. — Sur son père, Olivier le Fèvre d’Ormesson, voyez tome I, p. 448, note 6.
  2. Voyez la lettre du 8 décembre précédent, p. 265.
  3. Voyez tome I, p. 381, note 2, et le commencement de la lettre du 9 juin 1680.