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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/309

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1675je reçois une de vos lettres, je trouve que j’en voudrois bien encore une, et la voilà. C’est une double joie, c’est une provision, tant que je ne suis pas en peine de vous ; rien ne me peut mieux consoler de ce jour de poste à qui je fais la mine ; la pensée ne me vient jamais que vous ne m’ayez pas écrit. Montgobert ne me diroit-elle pas toujours de vos nouvelles ? Mandez-moi comme elle se porte, je l’embrasse et l’aime toujours. Je reviens à la poste : c’est l’hiver qui cause ce déréglement. En vérité, vos lettres méritent bien d’être attendues et reçues comme je les reçois. En voilà de Mme de Vins, de M. de Pompone, et de Corbinelli ; j’ai bien rivé le clou à Corbinelli, et à sa muse, en voulant mettre au même rang ce que je lui demande et ce qu’elle me demanderoit.

Vous verrez que Mme de Vins a toujours sur le cœur ce qu’elle vous a mandé. Puisqu’elle vous donne une si belle occasion de vous justifier, faites-le, ma belle, et dites vos bonnes petites raisons, afin que l’on les entende, et que personne n’ait plus rien sur son cœur. M. de Pompone me gronde encore de ce que j’avois mis dans la lettre de Mme de Vins qu’il aimoit Monsieur de Marseille plus que moi. Enfin ce côté-là me paroît tout plein d’amitié, et M. d’Hacqueville me mande que nous avons tous les sujets du monde d’en être contents. Toutes vos raisons sont arrivées ; tout a été fait dans l’ordre ; il ne craint que M. Colbert. Pour moi, je crois qu’on renverra cette affaire à Monsieur l’Intendant, et c’est cela que vous voulez : je pense qu’il vaudroit mieux qu’on ordonnât que les choses demeurassent comme elles sont.

Mais, hélas dans le monde où l’on fait ce qu’on peut,
Et ceci, comme nous, ma bonne, vous regarde,
Fait-on, je ne dis pas la moitié, Dieu m’en garde !
Mais fait-on seulement le quart de ce qu’on veut ?