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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/314

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1675main pour vous ; il est occupé de nos affaires : c’est un ami adorable. Il fera valoir vos raisons à M. de Pompone, et après cela, s’ils ne sont contents, vous leur permettez de se coucher auprès : c’est fort bien dit. M. de Coulanges espère beaucoup d’une conversation qu’a eue sa femme avec M. de Louvois. S’ils avoient l’intendance de Lyon, conjointement avec le beau-père, ce seroit un grand bonheur ; et voilà le monde : ils ne travaillent que pour s’établir à cent lieues de Paris. Je ne puis comprendre la nouvelle passion du Charmant[1] : je ne me représente point qu’on parle de deux choses avec cette matérielle Chimène[2]. Mme de Marans disoit bien. On dit que son mari lui défend toute autre société que celle de Mme d’Armagnac : je suis comme vous, mon enfant, je crois toujours voir la vieille Médée[3] avec sa baguette faire fuir, quand elle voudra, tous ces vains fantômes matériels[4]. On disoit que M. de la Trousse en vouloit à la maison vison-visu[5] ; mais je ne le crois point délogé, et je chanterois fort bien le contre-pied de la chanson de l’année passée[6] :

La Trousse est vainqueur de Brancas
Têtu ne lui résiste pas.
De lui seul Coulange est contente ;
xxxxxxxxx Que chacun chante.
  1. Villeroi. Voyez tome III, p. 170, note 5.
  2. Il y a ici dans le manuscrit une faute étrange : maternelle clémence, pour matérielle Chimène.
  3. Ceci s’applique probablement à la comtesse de Soissons. Voyez Walckenaer, tome IV, p. 221.
  4. Voyez le Thésée de Quinault, fin de la scène III du IVe acte.
  5. « La maison d’en face. » C’est, dit le Dictionnaire de Trévoux, qui écrit visum-visu, un « terme bas et populaire. »
  6. Le comte de Brancas aimait Mme de Coulanges ; l’abbé Têtu était aussi du nombre de ses adorateurs, mais le marquis de la Trousse était le rival préféré. Brancas, toujours singulier, avait une façon d’aimer qui n’appartenait qu’à lui : c’était un mélange de dévotion et de galanterie, dont Mme de Sévigné plaisante avec sa fille dans la lettre du 22 septembre 1680. Coulanges avait fait le couplet suivant en 1674 (sur l’air d’Alcide est vainqueur du trépas, voyez ci-dessus, p. 175, note 12) :
    Têtu est vainqueur de Brancas,
    La Trousse n’y résiste pas ;
    De lui seul Coulange est contente,
    xxxxxxxx Son mari chante :
    Têtu est vainqueur de Brancas,
    La Trousse n’y résiste pas.
    Voyez les Chansons de Coulanges, p. 71, édition de 1698. (Note de l’édition de 1818.)