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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/329

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1676épousé, comme vous savez, cet autre la Trémouille ; car ils sont de même maison ; elle s’appellera Mme de Royan : je vous ai mandé tout cela[1]. La bonne princesse et son bon cœur m’aiment toujours ; elle a été un peu malade ; elle se fait suer dans une vraie machine, pour tous ses maux. Le feu comte du Lude[2] disoit qu’il n’avolt jamais eu de mal, mais qu’il s’étoit toujours bien trouvé de suer sérieusement, c’est un des remèdes de Duchesne[3] pour toutes les douleurs du corps ; et si j’avois un torticolis, et que je prisse, comme je fais toujours, le remède de ma voisine, vous seriez tout étonnée d’entendre dire que je suis sous l’archet[4]. La princesse dit toujours de vous des merveilles, et vous connoît et vous estime : pour moi, je crois que, par métempsycose, vous vous êtes trouvée autrefois en Allemagne. Votre âme auroit-elle été dans

  1. Voyez ci-dessus, p. 194, la lettre du 20 octobre 1675 et la note 12 de cette lettre. — La Gazette d’Amsterdam du 26 novembre 1675 contient, sous la rubrique de Paris, 19 novembre, l’article suivant : « Mme de la Trimouille épouse le frère du comte d’Ollonne, et celui-ci assure tout son bien à son frère, en faveur de ce mariage. »
  2. Timoléon de Daillon, comte du Lude, père du grand maître de l’artillerie.
  3. « Duchesne, médecin des enfants de France en 1694, ami de Fagon. Voyez les lettres du 8 novembre et du 29 décembre 1679. « Duchesne, fort bon médecin, charitable et homme de bien et d’honneur, qui avoit succédé auprès des fils de France à Fagon, lorsque celui-ci devint premier médecin du Roi, mourut à Versailles (en 1707), à quatre-vingt-onze ans, sans avoir été marié ni avoir amassé grand bien. J’en fais la remarque, parce qu’il conserva jusqu’au bout une santé parfaite et sa tête entière, soupant tous les soirs avec une salade et ne buvant que du vin de Champagne. Il conseilloit ce régime. Il n’étoit ni gourmand ni ivrogne, mais aussi il n’avoit pas la forfanterie de la plupart des médecins. » (Saint-Simon, tome V, p. 361.)
  4. « Archet se dit des châssis courbés en arc sous lesquels on fait suer des malades. » (Dictionnaire de l’Académie de 1718.)