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1676le corps d’un Allemand ? Vous étiez sans doute le roi de Suède, un de ses amants ; car

La plupart des amants
Sont des Allemands[1].

Adieu, ma très-chère et très-bonne, notre ménage embrasse le vôtre. Voilà le frater.

de charles de sévigné.

Vous ne comprendrez jamais, ma petite sœur, combien ce que vous avez dit de la Plessis est plaisant, que quand vous saurez qu’il y a un mois[2] qu’elle joue la fièvre quarte, pour faire justement tomber qu’elle la quitte le jour que ma mère va dîner au Plessis[3]. La joie de savoir ma mère au Plessis la transporte au point qu’elle jure ses grands dieux qu’elle se porte bien, et qu’elle est au désespoir de n’être point habillée. « Mais, Mademoiselle, lui disoit-on, ne sentez-vous pas quelque commencement de frisson ? — Allons, allons, reprenoit l’enjouée18 Tisiphone, divertissons-nous, jouons au volant, ne parlons pas de ma fièvre ; c’est une méchante, une intéressée. — Une intéressée ? lui dit ma mère toute surprise. — Oui, Madame, une intéressée qui veut toujours être avec moi. — Je la croyois généreuse, » lui dit tout doucement ma mère. Cela n’empêcha point que la joie de voir la bonne compagnie chez elle ne chassât la fièvre qu’elle n’avoit pas eue ; mais nous espérons que l’excès de la jalousie la lui donnera tout de bon. Nous appréhendons qu’elle n’em-

  1. Chanson de Sarasin, déjà citée au tome TI, p. 197, note 5.
  2. Les éditions de 1726 portent un an, au lieu d’un mois.
  3. Le château du Plessis d’Argentré est à une petite distance des Rochers. Les deux parcs se touchent.